6ème album pour la bande à Gallagher, 18 années dédiées au Brutal Death/Core technique et groovy, un statut de patron qui n’est plus à démontrer et un line-up à géométrie variable. Dying Fetus fait partie de ces groupes qui inspirent le respect, tant de par leur cultissime discographie, qu’au travers de leur dévouement pour leur musique.
Peu de groupes me font cet effet ; mais une certaine fébrilité m’étreignait au moment du déballage du Digipack et du placement de la rondelle dans le lecteur CD.

Alors, 2 ans après ‘War Of Attrition’, qu’en est-il de ce cru 2009 ?
Humblement, sincèrement, le Fœtus Agonisant est enfin de retour à son plus haut niveau. Oui, j’assume ces propos purement subjectifs, ‘Descend Into Depravity’ est un album abouti et réussi ; mais cette fois-ci, le trio du Maryland a des arguments à faire valoir, des vrais.

Le premier d’entre eux, indubitable et néanmoins si délicat : l’efficacité. Après deux albums fort plaisants mais parfois trop prévisibles ou inégaux, ‘Descend Into Depravity’ renoue sur la majorité des titres avec l’efficacité monstrueuse de ‘Destroy The opposition’ : cette alliance de tempos rapides dévastateurs, de breaks terriblement headbanguants et de Mid-Tempos accrocheurs, est à son paroxysme, bien aidée par des variations de rythmes plus fluides. C’est là que réside l’une des qualités retrouvées : l’enchaînement schizophrénique des variations rythmiques n’est plus mécanique, mais bien viscéral et spontané, et illustré par des changements de rythmes encore plus fréquents qu’à l’accoutumée. Il en résulte des titres réellement variés, tout en étant toujours aussi agressifs et groovy.
Les ralentissements et les ‘Mosh Parts’, jouissifs à s’en démonter la nuque, évoquent parfois ‘Killing On Adrenaline’ ; les accélérations sont justes et précises, et les blasts beats surpuissants. Sans compter que, sur cet album les tempos sont globalement plus rapides, rendant les compos bien plus brutales que sur les deux ogives précédentes.

Le second atout de Dying Fetus réside dans cette maîtrise technique instrumentale, qui reste toujours au service de la brutalité. Autrement dit, point de démonstration inutile, les leads hystériques, solo ou patterns de batteries ont toujours pour objectif de servir cette brutalité et de rendre les accélérations ou les breaks encore plus percutants. Et là aussi Dying Fetus renoue avec ses vieilles bonnes habitudes, notamment celle de pondre des riffs extrêmement efficaces, agressifs et mélodiques en même temps. Le père Gallagher ne fait pas que dans le recyclage, et nous prouve qu’il sait toujours composer de redoutables riffs inspirés et accrocheurs, qui desservent parfaitement cette soif d’annihilation sonore.
Toujours aussi travaillés, les riffs s’associent à merveille avec les accélérations dévastatrices et les beuglements de Gallagher. Ce dernier ne change pas une formule qui marche, et continue à débiter en alternance ses growls profonds et ses hurlements plus rauques, ponctués par les régulières interventions vocales de Sean. Classique, mais toujours aussi percutant.

Troisième atout qui participe à la réussite de ‘Descend Into Depravity’ : le « style » Dying Fetus. Gallagher et ses (nombreux) acolytes ont fondé au fil des années un style particulier et reconnaissable, mélangeant la brutalité du Death et le groove du Hard Core. Cette marque de fabrique, à la fois force et faiblesse du groupe, est ici à son apogée, car renoue avec une véritable fusion inspirée d’efficacité, de brutalité et d’accroche ; et quand un groupe de cet acabit est en forme, cela aboutit à un condensé presqu’idéal entre la lourdeur de ‘Purification Through Violence’, le groove de ‘Killing On Adrenaline’ et la technicité exacerbée de ‘War of Attrition’. Tous ces atouts concentrés en 32 minutes ont inévitablement enfanté quelques tueries, telles que ‘Shepard's Commandment’ ou ‘Conceived Into Enslavement’, véritables baffes laissant présager le meilleur en concert.

Au rang des légères déceptions, on notera un très léger manque de cohésion entre certaines compos, peut-être dû au fait que Sean s’est chargé de l’écriture de 2 titres, son style n’étant pas entièrement identique à la ‘Gallagher Touch’. On peut également mentionner le très bon Trey Williams derrière les fûts, qui se contente cependant de reproduire les parties de batterie, sans y apporter sa propre touche ; mais son jeu est tout de même de grande qualité, et participe vigoureusement au retour au premier plan de la brutalité. Quant à la production, elle est évidemment à la hauteur, puissante et compacte, ‘Descend Into Depravity’ ayant été enregistré au Wright Way Studios en compagnie d’un certain Steve Wright.

Pour qui apprécie ce type de Brutal Death, difficile de trouver de réels signes négatifs. Si ‘War of Attrition’ avait laissé un goût un peu mitigé, ‘Descend Into Depravity’ est radicalement supérieur, et s’affirme comme étant l’un des tout meilleurs opus du groupe.
Les auditeurs qui avaient laissé mourir/tomber le fœtus après le split du groupe devraient songer à réinvestir dans ce groupe, car ‘Descend Into Depravity’, s’il n’atteint bien évidemment pas l’exceptionnel niveau de ‘Destroy The Opposition’, s’avère être bien plus qu’un grand cru, qui mérite amplement le détour.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 17.5/20 | Nb de lectures : 13951