Surgissant de nulle part, Dwellers Of The Twilight est un projet français qui mérite le détour. Par les temps qui courent, vous ne serez pas surpris de tomber sur un duo qui a monté son home-band sur le pouce et composé des titres en une semaine bien agitée. Ce genre de "groupe" a une tendance à embouteiller les plateformes communautaires de leurs merdes molles musicales. Mais pour une fois, un projet de type MySpace a accouché d'un album qui peut attirer le chaland en mal de sensations blastées (oui, en plus ils ne font pas du dépressif).

Grey est une boule d'énergie, pulsée par une BAR poussée dans ses derniers retranchements. Les trémolos d'une guitare acérée s'enchaînent pour former un tapis de mélodies sur lequel vient se poser le croassement décharné d'une voix haineuse déformée par les effets et une basse ronflante. Les neuf titres de Grey passent très, très vite. Pour sûr, le tout est plié en 32 minutes impitoyables d'un black martial et écrasant. J'ai bien kiffé (kikoolol) sur les compos du duo, qui se permettent des cassures de rythme bien envoyées, le tout nappé d'une bonne couche de blastage. Et se prendre deux minutes de frappe pour atterrir sur le groove d'une basse (comme dans "Domus Mundi") est un truc que j'adore.

Bon, tout n'est pas rose non plus chez DOTT. La production est un point noir évident, laissant apparaître des défauts de mixage/mastering. Elle laisse notamment crachouiller les cymbales de manière pénible, au casque ou sur enceintes. Outre des "psschhh" envahissants, le charley, très synthétique, sonne comme les clochettes du traineau du Père Noël sur les passages les plus lents. Et, du côté de la composition, il faut avouer que si "Sovereign of the Sulphur" est un titre absolument impérial et écrasant de puissance, la suite de l'album laisse parfois sur la faim. En creusant un peu, on arrive au bout des compositions en une dizaine d'écoutes, signe d'un projet direct et pas encore assez mature pour éviter le piège de l'auto-plagiat sur la durée, malgré ses grandes qualités. Le temps de composition très court peut expliquer ce sentiment de redondance, comme il explique tout autant une énergie débridée et un naturel agressif excellents qui apportent énormément à l'opus.

Si vous aimez les projets qui gueulent et bastonnent comme un pitbull dans une cage, il y a fort à parier que vous serez enchantés par Dwellers Of The Twilight. Pour un album plus profond et ambiancé, qui pourrait faire tilter la bécane, je pense qu'il va encore falloir attendre un peu. Mais les espoirs sont fondés et j'espère que le duo refera parler de lui.


Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 11088