Si le nom du groupe vous est inconnu, tout comme son précédent patronyme, DECEPTION, peut-être celui de Randy Black vous est-il plus familier puisque le batteur a collaboré pendant quelques années avec Jeff Waters (ANNIHILATOR). DUSKMACHINE vient d’ailleurs également de débaucher le bassiste des Canadiens, Russ Bergquist, en remplacement de Pete Habura, trop occupé professionnellement. Malgré cette proximité de personnel, les deux formations n’ont cependant pas grand-chose en commun, DUSKMACHINE opérant dans un power thrash moderne groovy et mélodique très proche de NEVERMORE et ANGEL DUST.

Le premier contact avec « The Final Fall » génère donc plus d’incertitude que de satisfaction, ce type de référence n’étant pas courant, en tout cas pas de manière si évidente. On a constamment au début l’impression déstabilisante d’entendre NEVERMORE avec un duo Dirk Thurisch (ANGEL DUST) sur les couplets/Warell Dane sur les refrains lyriques, efficace mais peu satisfaisant en raison d’une persistante impression de déjà-vu. Et puis, on en vient à apprécier de plus en plus ce mélange d’agressivité et de douceur virile, ces rythmiques massives parfois néo qui conduisent inévitablement au headbanging, ces accélérations brutales, ces refrains puissants teintés de tristesse… et on en oublie les sources d’inspiration pour se concentrer sur ce que DUSKMACHINE a à proposer.

Il faudra certainement compter avec eux dans les années à venir, car s’il leur faut encore mûrir, ils ont déjà un savoir-faire indéniable en matière de métal burné et subtil et passent même avec succès le test de la power ballad (« Consolation »). Ce n’est pas encore « Cemetery Gates » (PANTERA), mais elle fait bien vibrer les tripes quand même avec son côté bûcheron au cœur brisé, presque du SENTENCED dans le texte ! Enhardis par cette réussite, les Américains se lancent même dans le titre-fleuve avec la longue conclusion « Lament/Afterlife » et son solo mélancolique de près de quatre minutes, qui à défaut d’être un chef d’œuvre remplit parfaitement son office sur « The Final Fall ».

Cependant, c’est encore quand il faut montrer les pecs et gonfler les biceps que la machine à crépuscule est le plus à l’aise, et elle se charge de le rappeler régulièrement à coup de rafales de double ou de rythmiques coups de boule. Son power thrash est subtil, certes, mais dans power thrash il y a « power » et « thrash » et elle fait honneur aux deux. Jamais de surenchère mièvre de sensibilité, quand DUSKMACHINE avoine on le sent passer, rien à envier à NEVERMORE, ANGEL DUST et autres OVERKILL de ce côté-là. Aucun titre de l’album ne se détache pour autant des autres, ce qui n’est pas dans ce cas précis synonyme de linéarité mais d’homogénéité : « The Final Fall » ne souffre pas des baisses de régime ou redondances courantes dans ce style, et cela rattrape sans mal l’absence de morceaux vraiment forts.

Alors qu’ ANGEL DUST traîne à donner un successeur à « The Human Bondage », sorti il y a déjà cinq ans, et que « This Godless Endeavor » (NEVERMORE) vient à peine de fêter sa première année, DUSKMACHINE s’impose comme l’une des seules alternatives crédibles à ces deux leaders du genre.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 12022