Dungorpat
Vous vous en doutez, DUNGORTHEB est un groupe qui ne m’est pas indifférent… C’est même en partie pour le soutenir que je me suis inscrit sur VS, il y a quelques années et que j’ai choisi ce pseudo et cet avatar, un morceau de l’artwork du deuxième album « Intended To… » Avant de m’atteler à la chronique de « Waiting For Silence », j’ai donc pris le soin d’assurer mes arrières et de demander au vieux sage à l’objectivité jamais prise en défaut, notre Tonton à nous, de me prêter main forte dans cette tâche et de me mettre les coups de pieds au cul qui s’imposeraient si jamais je m’enflammais trop. Ceci étant dit, à l’attaque !

Voilà déjà cinq ans qu’ « Intended To… » est sorti (pour lire la kro de Sheb, cliquer ici) et pendant ce laps de temps, beaucoup de choses se sont passées dans la dungortribe : changement de bassiste, fermeture du label Perennial Quest Records sur lequel était sorti l’album puis départ de Jean-Marc, principal compositeur avec le batteur Hervé il y a un peu plus d’un an. Rien de tout cela n’a pourtant entamé le moral des Vosgiens, et après avoir trouvé un nouveau guitariste lead (Jérémy), le groupe s’est remis à la tâche, finalisant ce troisième album qui était déjà composé dans sa quasi-totalité et se rendant aux Conkrete Studios (OTARGOS, LOKURAH) pour l’enregistrer afin de s’assurer une prod qui claque.

Le premier extrait mis en ligne sur leur MySpace révélait un sensible éloignement par rapport à la scène technodeath à laquelle DUNGORTHEB a souvent été comparé, tout en conservant malgré tout l’identité du groupe : solos à profusion, riffs accrocheurs, jeu de batterie sobre et dynamique. Le constat est le même sur presque tous les titres de l’album, résolument plus directs, taillés pour la scène. Si « Intended To… » était un album à écouter, dont la relative complexité et la production synthétique ont pu jouer en sa défaveur, « Waiting For Silence » est incontestablement un album destiné à être joué live. L’évolution du chant est ainsi l’un de ses points forts et contribue sans aucun doute à sa touche plus rentre-dedans : Greg a laissé tomber les growls caverneux pour des aboiements plus hargneux, plus variés aussi, allant même jusqu’à poser quelques voix claires, une métamorphose bienvenue et redoutable!

La plupart des morceaux figurant sur l’album ayant été composés avant le départ de Jean-Marc, certains datant même de plusieurs années et souvent joués en concert comme « Near Death Experience », on n’est cependant pas dépaysé d’autant que Jérémy a repris quelques-uns des solos et sweepings caractéristiques du jeu du précédent guitariste. L’évolution de DUNGORTHEB se fait donc dans la douceur, le groupe se présentant sous un jour moins technique afin de privilégier l’impact des morceaux, sans céder à la facilité pour autant et tabler sur une surenchère de brutalité ou l’incorporation d’éléments en vogue à l’heure actuelle. Un choix compréhensible compte-tenu de la difficulté pour un groupe de death technique à s’insérer dans les programmations death actuelles, compréhensible également du point de vue de musiciens n’ayant aucune envie de ne s’adresser qu’à une partie très spécialisée de leur public.

A ce titre, « Waiting For Silence » est une belle réussite tant au niveau des compos que de la production, puissante et rugueuse, qui donne un côté plus humain à l’ensemble. Il est à même de titiller la sensibilité des fans de technodeath, probablement déjà conquis depuis « Intended To… » mais également celle des fans de death tout simplement, qui ne crachent pas sur de bons solos bien sentis et un peu de technicité. Ne reste plus à souhaiter au groupe de trouver un distributeur qui leur donne la possibilité de faire partager leur musique au plus grand nombre, en attendant il suffit de les contacter via leur MySpace afin de commander l’album !


Tonton
Vous vous doutez bien qu’avec un pseudo pareil, il apparaissait comme délicat de laisser à notre seul Dungorpat, assurer les réjouissances d’une chronique de son groupe fétiche sans l’exposer à une lapidation en place publique par quelques pignoufs vifs du commentaire désobligeant. Il apparaissait comme délicat d’attribuer l’origine de ce pseudo à une passion dévorante pour les Terres du milieu du vénérable Tolkien. L’affiliation était trop flagrante mais fort heureusement le cas de Pat était isolé (imaginez de quoi on aurait l’air avec des pseudos comme Immolatonton, Krisiun Commander, Imperiakka ou Eyelessgreg).
Irrité à l’idée d’envoyer à l’échafaud celui d’entre nous ayant le caractère le plus proche du Bisounours, je me pliais avec bienveillance à la promiscuité d’une chronique partagée pour ajouter mon grain de sel aux propos de l’aimable Pat.

Ouais, on ne peut pas dire que DUNGORTHEB table sur un plan de carrière ambitieux vu la rareté de ses offrandes. Il faut dire que le groupe s’est vu privé, comme dit précédemment, de son bassiste et surtout de l’un de ses compositeurs lorsque Jean-Marc Werly a décidé de jeter l’éponge (et le médiator) quelques temps après que son label Perennial Quest n’ait subit une fin prématurée. Comment les Vosgiens allaient-ils gérer l’après Werly ?

Hé bien, contre toute attente, plutôt pas mal puisque ce deuxième album est des plus sympatoches. Bon, il faut bien admettre que ce disque garde encore les stigmates de la patte du père Werly avec une jolie pelletée de riffs, d’harmoniques et de sweeping solidement plantés. Comme le soulignait également Patou quelques lignes plus haut, DUNGORTHEB a quelque peu renoncé à ses affinités techno-death (death technique pour ceux qui sont nés après 1990) en préférant s’exprimer par une musique, certes plus dépouillée que dans le passé mais faussement simple et directe. Car l’ensemble reste d’une technicité supérieure à la moyenne et il ne faut attendre aucune trêve purement basique de la part du groupe. Le quintet de Thaon les Vosges ne fera jamais dans la simple ritournelle couplet/refrain et c’est peut-être pas plus mal vu que cela leur réussit plutôt bien. On ajoute à ça une prod magistrale, un son de guitares d’une pureté virginale et on obtient un disque aussi solide que réfléchi.

D’un autre côté, si les profusions de guitares vous filent des boutons, il vous faudra sans doute vous orienter vers d’autres options moins pointues sous peine de trouver ce « Waiting for Silence » un rien trop ampoulé alors que c’est loin d’être le cas…

Désolé de ne pas pouvoir apporter un autre son de cloche à la chronique fort objective de l’aimable Pat.
Quand c’est bon…


Rédigé par : Dungorpat & Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13044