Alors que le dernier Drudkh est encore fumant dans les platines et que le second Blood of Kingu a à peine entamé les warm-up, voilà que Roman Saenko et sa bande nous resservent déjà un nouvel album de la formation ukrainienne la plus connue dans nos contrées. Au batteur près, vous retrouverez donc le line-up qui s'est énervé sur le Blood of Kingu, pour un voyage musical cette fois très différent.

Si on peut toujours reprocher à Saenko de composer en diluant trop son talent dans ses projets, ce nouveau Drudkh a le mérite d'oser le changement. Maintenant que la colère a été rebasculée vers Blood of Kingu, Drudkh s'oriente désormais vers un metal atmosphérique plus sobre et encore plus dépouillé. Le black metal devient encore plus partie congrue ("c'est pas faux"), ne laissant réellement sa trace que dans les vocaux arrachés. En fait, les riffs et le son sec des guitares nous conduisent quelque part entre Drukdh... et Anathema. Entre deux accès de démence dus à l'alcool, le boss de Season voit dans ce nouvel album des Ukrainiens leur Brave Murder Day, et la référence à Katatonia est plutôt bien vue.

Jouant sur la répétitivité de riffs mis à nus, Drudkh laisse l'auditeur se prendre les pieds dans le tapis de ses thèmes hypnotiques. Si je ne suis pas amateur des projets les plus édulcorés en la matière, il faut avouer que ce Drudkh m'accroche bien car il ne fait pas rimer simplicité du propos avec une niaiserie se roulant dans les feuilles. La mélodie est là, mais la vibration aussi qui fait dodeliner de la tête très rapidement.

Comme sur Blood in Our Wells, la batterie joue un rôle fondamental apportant dans ses patterns toute la pulsation. Les guitares égrènent des notes que les Ukrainiens font vibrer (j'en reviens à Anathema), tout en privilégiant la production claquante et sèche qui leur est familière. Une fois passé l'outrage d'une colère disparue, Handful of Stars révèle rapidement les nouvelles qualités du projet et l'immersion n'en est que plus agréable.

Néanmoins, cette invitation à l'abandon n'est pas exempte de quelques longueurs. La patte Drudkh reste très présente et il est difficile d'ignorer ce terreau de riffs déjà maintes fois arpenté. Et c'est en même temps là que réside le véritable tour de force: faire sonner Drudkh différemment. La prise de risque peut être énorme dans un milieu aussi conservateur et obtus que le metal. Bah, ce n'est pas la première tentative d'expérimentation du groupe ukrainien et le public, bien plus varié que la simple sphère du black metal, a suivi. En parodiant l'autre gland de la télé, "Drudkh ose la fraîcheur et l'émotion. Pour ça, je leur donne un grand oui". Qu'il est gland... mais pour une fois je suis d'accord.




Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 15251