Drokmaar est un groupe français qui nous vient du Kreizbreizhkistan (ou le centre de la Bretagne si vous préférez) et qui nous joue un metal expérimental allumé et assez primitif. Expérimental me semble être le meilleur qualificatif que l'on puisse attribuer à la musique du groupe, tant elle puise dans différents styles: le heavy, le thrash, le death, le hardcore, voire le punk. La particularité de Drokmaar -ce qui rajoute de l'expérimentation à leur musique- se situe dans les textes, puisqu'ils sont aux 3/4 composés d'onomatopées braillées voire hurlées, qui n'ont souvent aucun sens. Difficile dès lors de prendre le groupe au sérieux (d'autant plus que le son est quelque peu cradingue, renforçant un peu plus le côté barré du concept Drokmaar). Et pour écouter ce second album du groupe, il faut s'accrocher, prévoir du café pour tenir bon, l'album étant composé de pas moins de 27 titres, pour plus de 78 minutes de musique (et autres sons indescriptibles). Le groupe qui joue sous la forme d'un trio, ne nous sert pas 27 fois la même sauce (heureusement d'ailleurs), et pense quelque peu à varier les compositions, si bien que l'album passe relativement vite, à part quelques moments où des morceaux plus brutaux en onomatopées se suivent et se ressemblent. Disons qu'en arrivant à la "ballade", "Come to my Bed", on commence un peu à respirer (avec de superbes paroles d'amour, à la sauce Drokmaar bien sûr !)

Si environ la moitié des morceaux partent dans des délires d'onomatopées et autres déferlantes de sonorités barrées ("John the Trucker", le délirant "Ayeboyo", "Lunatika", "You Smell", etc), mais avec une bonne dose de riffs acérés, le groupe est un peu une sorte de Double Face de la musique et il sait se montrer bien plus dérangeant et sordide. De là à dire qu'ils sont plus sérieux, peut-être pas, mais on peut dire qu'ils savent proposer des ambiances plus glauques. Pour tout vous dire, "Coc Trip", dont la basse écrasante nous saigne les tympans est un petit aperçu en début d'album de cette autre facette du groupe, qui nous prendrait presque aux tripes ! Si l'interlude "Les Cris" qui est à juste titre composé de toutes sortes de cris de tortures et terreurs est quelque peu prévisible, malgré un côté malsain qui se fait ressentir, un titre comme "Droky Circus", qui excède les 6 minutes nous plonge véritablement dans des profondeurs abyssales et ténébreuses. La touche ambiante pourrait provenir d'un groupe de black metal qui jouerait avec les ambiances, tellement c'est bien fichu. De plus, les rares, mais intelligentes accélérations avec double pédale en prime font très mal ! D'autres titres évoquent aussi ces sonorités dérangeantes, comme le morceau "Charles" et sa grosse basse groovy, ou le bien nommé "The Beast". L'album est aussi agrémenté de 5/6 interludes qui "aèrent" un peu l'album, mais qui dans le fond n'apportent rien.

Si à la première écoute on peut trouver cet album de Drokmaar peu intéressant et quelque peu répétitif, je pense qu'il est utile d'approfondir l'écoute pour s'apercevoir qu'il y a quand même un certain travail qui a été réalisé derrière cette montagne de délires. Une curiosité, un album avec de l'originalité, un mélange de sérieux et de rigolade, pourquoi pas après tout ?

l'album peut être écouté dans son intégralité à cette adresse.


Rédigé par : gardian666 | 13.5/20 | Nb de lectures : 12035