A chaque fois que je vois un artiste utiliser le concept pour le moins éculé du "Evil Clown", je me dis que cette fois c'est pour de bon et que plus personne ne viendra faire mumuse avec les sourires peinturlurés inquiétants, les fleurs qui envoient de l'eau et les chameaux qui pètent.
Et évidemment à chaque fois, cela revient sur le tapis (faudra au passage penser à remercier Stephen King, qui avec "Ça" a ouvert la boîte de Pandore... pour le pire et quelques fois, heureusement, pour le meilleur).

Le nombre de groupe de rock et de metal ayant utilisé la thématique du cirque et des clowns ont cela de particulier qu'ils utilisent souvent les mêmes ficelles.
On a souvent à faire à des mélodies de cirque classiques, destroyées par quelques accords de guitare saturée et/ou parsemés de phrases inquiétantes visant à créant le malaise en mettant en opposition le côté enfantin et le côté diabolique.
C'est sympa, mais cela n'a vraiment rien de surprenant.
Avec une histoire et des thématiques classiques, DREADFUL SILENCE arrive à éviter le piège où de nombreux groupes tombent, et fait la différence en jouant une musique efficace, éloignée des artifices classiques utilisés par les copains. Cela ne plaira pas à tout le monde, en particulier à ceux qui s'attendait à des clowneries à la Insane Clown Possee, mais cela a au moins le mérite de créer une petite surprise sympathique.

DREADFUL SILENCE, avec son metalcore un peu en retard au niveau de l'horloge, ses influences 90's très perceptibles (on retrouve autant du Faith No More que du System Of A Down) et son néo sous-jacent, partait pas forcément avec les meilleurs atouts dans son jeu... mais en bons petits filous bien coquins, ils ont mis quelques as dans leurs manches.
Et de ces jolies cartes, ils en tirent des chansons catchy et efficaces, qui ne mettent pas trois plombes à venir te faire entendre l'oraison funèbre des gentils petits clowns mignons qui s'ébattent gaiement sur les pistes de cirque. Ici, c'est la foire aux hachoirs et aux sourires inquiétants. Au départ dubitatif, j'ai été forcé de reconnaître que les DS sont des clowns beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît au premier abord.

Muni d'un son assez moderne, très clair et défini les musiciens n'ont pas grand-peine à nous en foutre plein les oreilles.
La précision de leur interprétation colle parfaitement à leurs compositions et à la production très frontale du disque. Plus on monte le volume et plus on prend conscience de la qualité sonore de l'ensemble : rien ne déborde et tout est conçu pour venir te coller un coup de pied tout droit dans les couilles. Et ça fait mal.

Mis à part quelques "clowneries" à droite et à gauche, l'atmosphère cirque ne transparaît pas tant que ça pas plus qu'un côté déglingo ou psycho.
DREADFUL SILENCE propose une musique assez simple et efficace construite pour faire être efficiente dès les premières mesures.
Comme je le disais plus haut, malgré un choix stylistique un peu en décalage, il est surprenant de constater que le disque s'écoute agréablement et que l'on prend plaisir à lire les lyrics et à observer l'univers visuel (fait maison qui plus est) de ces clowns teigneux.
Bien que les influences soient manifestes, on apprécie de revenir vers "Freaks and Demons" grosse patate quasi rock n' roll dans l'approche qui est vraiment bien sentie, tout comme l'entraînant "Shit" et bien entendu mon morceau préféré, "Carnival of Dead Bodies", gros mid tempo bien gavé de barbe à papa aux hormones arrosée de pieds de mammouths à la menthe.

Un peu à la manière de SLIPKNOT avec son premier album, DREADFUL SILENCE oscille entre les morceaux cartons et les ambiances plus poisseuses et déliquescentes ("I'm the night" est à ce niveau-là une belle réussite). Et alors que retentit la fin de l'album, je réalise que tout ce que je projetais de bancal sur le groupe et l'album était rigoureusement foireux et que je me suis retrouvé à vouloir rejouer avec plaisir plusieurs de leurs chansons qui m'avaient laissé un agréable souvenirs. Je ne saurais donc vous conseiller de tenter l'aventure, après tout, revenir vers les saines valeurs de notre enfance ne peut pas avoir que du mauvais. Putain de Clowns ! Bis bis !!!


Rédigé par : Pamalach | 13/20 | Nb de lectures : 11732