DRAWERS - Drawers (Kaotoxin/Season of Mist) - 22/04/2014 @ 08h39
C'est sûr, la pochette de ce deuxième album des Toulousains de Drawers surprend. Elle n'en reste pas moins une bouffée d'air frais sur une scène Sludge très normée visuellement depuis la remise au goût du jour du style Art Déco popularisée par Baroness puis disséminée dans le champ d'une scène fertile. Avec son petit côté Fusion style Red-Hot-Chili-No-More du début des 90's, le visuel s'éloigne des contours graphiques des représentations balisées et apporte une touche originale à un album pourtant bien imprégné des influences des Maîtres du genre. « Drawers » expose en effet un tableau dont la couleur primaire reflète la forte impression léguée en héritage par Baroness, nuancée par quelques touches de Mastodon et des traces de fulgurances à la Red Fang dans l'approche plus directe des formes qui le composent. Notons que Drawers se distingue de son influence principale en gommant les nuances les plus progressives, aériennes et poétiques des Géorgiens au profit d'une rage et d'une agressivité plus présentes. En témoigne notamment le travail du chanteur à la fois capable d'une hargne sans faille, dont les chromosomes portent un ADN hardcore, et de réelles modulations mélodiques qui donnent à l'album un côté fédérateur qui fonctionne parfaitement.

Un album éponyme montre la volonté d'afficher un changement. Le groupe a en effet choisi de se démarquer de son album précédent, « All Is One », pour affirmer une orientation nouvelle, structurée autour de huit morceaux homogènes, denses et directs. Drawers a eu l'intelligence de miser sur un album court ce qui permet à la fois de rendre digeste son aspect compact et de décupler son efficacité. Il s'est armé d'une production lourde, dont le rendu live met en valeur un son de batterie puissant et naturel, une basse bien présente évoluant six pieds sous terre et un son de guitare gras et visqueux au risque parfois d'une lisibilité ardue. L'album dévoile des titres riches rythmiquement, utilisant notamment les blast-beats pour créer des tensions qui permettent de libérer avec efficacité les passages entraînants, comme en témoignent les deux premiers titres par exemple, « Once For All » et « Mourning ». Les guitares riffent boueux et spongieux tout en libérant des digressions mélodiques propres au style pratiqué et enrichissant les titres. Mention spéciale à « Bleak » et son bridge porté par un jeu de batterie groovy et très convaincant. Drawers sait aussi ralentir son propos pour mieux l'alourdir et dévoiler un aspect plus sombre voire écrasant (« Words ») et on pense alors parfois à Neurosis (« Take Stock »). Certains morceaux font mouche et marqueront sans aucun doute les esprits sur scène, comme « Shadow Dancers », entraînant et dont la reprise après un break sympathique dégage une puissance de feu !

Avec cet album, Drawers esquisse son potentiel. La maîtrise et le savoir-faire sont indéniables et à condition de s'affranchir davantage de l'aura des précurseurs, d'aérer les ambiances pour éviter une certaine redondance et ainsi tracer son propre sillon, le groupe se destine à un dessein prometteur. Avec son excellent niveau, Drawers démontre en plus la vitalité d'une scène française très intéressante qui mérite d'être découverte et soutenue. Sur album comme sur scène.




Rédigé par : TheUgly | 13/20 | Nb de lectures : 12236




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Commentaire
Trez
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 12h36 - (111846)
Chronique assez juste.
Pour ma part, musicalement, le disque me fait souvent penser à une version "métallisée" de Torche ce qui est un bon point puisque que je suis très fan de ces derniers.
Par contre je trouve que la voix ne colle pas.

Ce n'est pas un mauvais disque, loin de là, mais il y a peu de chance que je le réécoute avant un bon moment.



MoiZ
IP:79.98.60.226
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 12h40 - (111847)
La deuxième phrase est absolument ignoble!

Baroness ont été très vaguement affiliés à la scène sludge à leurs débuts mais rien de plus. Et je ne parle pas de la distance considérable qui existe entre ce qu'ils font aujourd'hui et le sludge.
D'autre part, les covers sont art nouveau et pas art déco. Et encore ils ont oublié un truc dans leur pseudo art nouveau...

TheUgly
Membre enregistré
Posté le: 24/04/2014 à 15h03 - (111882)
Je concède mon erreur. Il s'agit effectivement d'une influence de l'Art Nouveau dans les visuels de Baroness. Par contre, la phrase incriminée ne fait que souligner l'originalité de la pochette de Drawers dans une scène où toutes les déclinaisons possibles des pochettes "Art Nouveau" ont été produites. Rien d'ignoble donc mais juste un constat.

Niko
IP:212.234.152.162
Invité
Posté le: 26/04/2014 à 10h06 - (111922)
Merci pour la chronique!


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