Draupnir est un jeune projet français fondé par le batteur Sinis qui s'occupe de la composition. Le bonhomme est féru de musique classique, ce qui a une incidence essentielle sur Draupnir et son utilisation très forte des claviers. L'album "Black and Vicious" verra le jour en janvier 2007, première production du groupe naissant, avec à son actif très peu de concerts. La sortie est plus exactement le 27 janvier, jour de l'anniversaire de la libération d'Auschwitz par l'Armée Rouge. Nous devons probablement ce petit effet de manche au bassiste/chanteur Sade, parolier du groupe mais également membre du groupe pour ados Undercover Slut. Bref, j'évacue cet aspect pseudo-provocateur. Recentrons-nous sur Draupnir, qui vaut probablement mieux que cela.

Sur le papier, le groupe pratique une musique mêlant black et orchestrations classiques. Beaucoup d'éléments influencés par les grands compositeurs viennent effectivement se mélanger aux parties électriques, et le mélange est plutôt bien fait. Le côté classique prend largement le pas sur un métal mélodique aussi agressif pour un amateur de Tsjuder qu'une paire de charentaises. L'élément central de Draupnir, ce sont plutôt des envolées de piano à la "Arpegiator" et des élans orchestraux. Draupnir va même jusqu'à reprendre du "Casse-Noisettes" dans "Children's Dream". Si l'originalité n'est pas forcément là, le résultat est tout de même bien fait.

Côté black, la référence mélodique Anorexia Nervosa saute aux oreilles, mais le tout est bien moins violent que les canons du genre. Les riffs sont très communs et ne ressortent pas. Cela donne un côté "mou du genou" à un projet fatalement phagocyté par le clavier. Je retiens principalement quelques patterns de batterie intéressants (le couplet de "Black and Vicious" est vraiment tonique). J'ai évidemment été sensible aux parties de textes en français, très "standard du blues" ("Les portes de l'Enfer sont ouvertes sur la Terre" et patati). Draupnir ne se détache pas d'une image black "light" très magazine. Il ne reste de vraiment BM qu'un pseudonyme nordique, un visuel aseptisé, une voix et un ou deux blasts. L'esprit n'est pas du tout au rendez-vous, ce qui devrait rassurer nos plus jeunes lecteurs. Le résultat n'est pas dirigé vers les amateurs d'art noir, mais plutôt vers une génération en quête de rébellion. A la rigueur, les auditeurs de black "grand public" très mélodique et symphonique y trouveront peut-être leur compte. Personnellement, je préfère largement l'audace et la violence d'un Mirrorthrone.

Côté enregistrement, là aussi, c'est très propre. La batterie a un gros son très synthétique et le reste de l'instrumentation est sans défaut. Cela donne un côté clinique, qui sied parfaitement au projet. Rien à redire sur l'exécution. Le clavier est très en avant, mais je vous ai prévenus dès le début de la kronik à ce sujet. Tout cet assemblage donne un "Black and Vicious" qui porte plutôt mal son titre. Si les compositions sont tout à fait correctes, l'ensemble ne sonne pas du tout malsain et aucune ambiance ne vient particulièrement se mettre en place. Ce n'est pas le but recherché par le groupe, me direz-vous, mais cela me fait cruellement défaut. Draupnir officie dans un métal mélodique qui pourra plutôt accrocher les fans de goth qui veulent se faire peur, même si musicalement cela reste plutôt bien fait.

Date de sortie: 27 janvier 2007


Rédigé par : Prince de Lu | 5/10 | Nb de lectures : 13424