Formé en 2000, DRAUGEN attend 2011 pour sortir son premier album. Pas pressé pour un clou, d’autant plus que les morceaux de ce "Among the Lonely Shades" ont tous été écrits entre 2001 et 2003. La raison en est simple. A l’époque, le groupe n’avait pas les moyens de faire sonner correctement sa musique, et a préféré attendre. Quitte à se mettre en pause avant de pouvoir sortir l’album. Résultat, l’album sort 8 ans après la fin de l’écriture des titres, titres retravaillés et enfin enregistrés dignement. Le duo a également pu intégrer dans sa musique des éléments qui n’y étaient pas, mais qui pourtant font partie de leur bagage musical. Mais on en reparlera. C’est donc le label de l’est de la France Ancestrale Production qui s’occupe de sortir ce premier album.

Le duo clame haut et fort ses influences black metal norvégiennes. Il faut dire que les passages purement BM fleurent effectivement bon le nord de l’Europe. Mais ils ont la noblesse et la subtilité de bien digérer leurs influences. En vrac, le groupe a bien écouté ENSLAVED (les vieux), SATYRICON, KAMPFAR, en fait surtout les groupes qui mettent de la mélodie méchante dans leur musique. Car le BM de DRAUGEN est de cette trempe, violente, mais ambiancée, qui ne se contente pas de balancer les riffs à la gueule de l’auditeur, mais plutôt essaie de faire en sorte que le lancer de riff soit le plus efficace possible. Le souci étant que malgré le fait que les influences soient digérées, la mandale ne fait pas très mal. On a surtout la méchante impression de l’avoir déjà reçue, mais où, et par qui ? C’en devient rageant ! De plus, les parties BM sont adoucies par des influences post-rock/folk qui saupoudrent presque tous les morceaux. Mais le groupe ne les mélange pas directement avec les phases BM, préférant multiplier les couches comme d’autres multiplient les pains. On retrouve donc des intro à la guitare sèche folkisante, des breaks tout calmes de même voire des outro en douceur. Ces passages folk aèrent une musique qui n’est déjà pas très dense à cause des mélodies, et créent donc un faux rythme. Alors qu’on se surprenait à secouer gentiment la tignasse sur un titre, une intro claire a vite fait de faire retomber la pression. Et c’est cette ambigüité qui poursuit le groupe tout le long de l’album : « On fait du BM, mais on n’est pas des méchants, on écoute aussi du folk ».

J’avoue que ce côté demi-molle m’a un peu ennuyé voire énervé à l’écoute de cet album. Tout simplement parce que les parties BM sont bien foutues, le groupe ayant bien digéré ses influences malgré un petit air de déjà-entendu. Tout un album de cette trempe aurait été vraiment pas mal. Le fait est que le duo n’assume pas complètement de faire du black metal, et a voulu ajouter des éléments folk dans son album. C’est tout à son honneur, mais je trouve que ces éléments ne se sont pas fondus naturellement dans l’album, et donnent au final un disque un peu mou, qui laisse un arrière-goût de pas fini dans les oreilles (si si c’est possible). A voir comment le deuxième album, en cours de préparation, sonnera. Il devrait d’ailleurs arriver assez rapidement, puisque d’après la bio du groupe, il s’agira de nouveau de réenregistrement de vieux titres écrits en 2003 et 2004.


Rédigé par : Skay | 12/20 | Nb de lectures : 12893