En farfouillant un peu, on peut trouver des formations actuelles qui se déhanchent au son du disco le plus true ou qui affectionnent toujours ce son new wave qui nous a pourri notre adolescence/enfance/"séjour dans les couilles à peine poilues de papa" (rayer les mentions inutiles selon votre âge). Dans le metal aussi, on trouve de tout, avec plus ou moins de succès populaire selon les tendances en vogue. Après la phase bruitiste, la période misanthropique, voici que des groupes de black français plus mélodiques que la moyenne sont un peu de sortie. Darkenhöld a enchanté Boz récemment, se formant sur les cendres d'Artefact. Le groupe fait des mamours à Aorlhac. Nydvind a fait son come-back, alors que des p'tits jeunes comme Abduction sont apparus. Malevolentia a balancé un album orchestral mais à haute teneur en riffs mélodiques. Et avant le plus cru Malcuidant, je vais aborder ce premier album de Drakhian. Dans leurs différences, tous ces opus ont en commun de fleurer bon la nostalgie des années 90, l'envie d'un black metal qui se laisse aller à dérouler des thèmes comme antan. Et ces derniers temps, ce black-là (qui a toujours subsisté) ressort un peu plus la tête de l'eau que d'habitude.

Drakhian est un projet un-homme, piloté par... Drakhian. L'intéressé est connu pour son implication dans Griffar ou Black Dementia. Il est également le nouveau guitariste venu apporter sa fougue aux anciens de Loudblast depuis 2008, année où il a aussi intégré Fornication. Et de fougue il en est question dans son opus gorgé de black metal, véritable ode à la scène suédoise, et notamment à Dissection à qui il emprunte beaucoup. La feuille de match est alléchante et il est aisé de se laisser bercer par des mélodies aussi accrocheuses.

En tant que vieux tromblon qui a connu la période de référence, je vais donc faire un peu mon casse-bonbon. Des groupes dans la mouvance, les Suédois nous les livraient pas paquets de douze à la fin des années 90, signés à tour de bras pas des labels avides de profiter de la poule aux œufs d'or scandinave. Il y en a même certains qui tentent leur come-back encore aujourd'hui. De tout cela, je n'ai gardé que peu de choses et beaucoup revendu, tellement le papier carbone s'usait par ramettes entières (encore un truc de vieux, le papier carbone). Et par rapport à ce qui me reste, hé bien, Drakhian ne peut espérer vraiment briller.

Le Français a livré un album de bonne facture, fort bien exécuté. La production tient la route et s'avère adaptée (même si je trouve personnellement la batterie parfois envahissante). Mais après la découverte, High Zephyr Point tient difficilement la comparaison avec les cadors du genre. La composition m'apparaît trop classique et trop peu de riffs viennent sortir l'auditeur de ses pantoufles pendant son écoute tranquille. A de rares occasions, comme la partie centrale de "Hour of Regrets", Drakhian bouscule et est magnifique. Mais la plupart du temps, High Zephyr Point s'écoute bien trop facilement et on sent tous les coups venir. Alors, un hommage à une époque OK, mais il faut aussi que ça saigne un peu dans les oreilles.

Peut-être que j'en attendais trop finalement. Ce premier album de Drakhian me laisse à chaque fois sur une demi-molle à peine effleurée. Le potentiel est là, mais il manque peut-être encore le cube de bouillon de légumes pour faire pétiller le bazar.


Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 13839