A la lecture du dernier Metallian, on pouvait déjà esquisser une petite grimace aux dires d'Eric Peterson: "Je suis le seul dans Testament à m'intéresser au renouveau du black metal: Emperor, The Kovenant, Dimmu Borgir, Cradle of Filth... J'adore ce mélange de musique classique et d'extrême". Vous aurez compris que Dragonlord est le projet estampillé "BM" du guitariste de Testament, qui a le mérite d'écouter autre chose que le style qu'il pratique depuis vingt ans. Le combo est composé de têtes connues: Steve Smyth de Nevermore, Jon Allen de Sadus, à part le clavier Lyle Livingston qui vient de Psypheria tous ont fait un passage dans Testament (notamment Derrick Ramirez). Dragonlord propose ici son second album, après un "Rapture" sorti en toute discrétion en 2001.

Patronyme heavy métal (et encore, on a échappé à Dragonheart), pochette artistiquement discutable, titre d'album bien kitsch, il part assez mal ce "Black Wings of Destiny". Et il y a fort à parier que sans la présence à la guitare et au chant de Peterson et sa conviction à rassembler du beau monde, Dragonlord serait resté dans l'anonymat. Musicalement, l'album transpire à un point totalement indécent la seule grosse locomotive que Peterson n'a pas citée dans l'interview: Dimmu Borgir. Dans son mélange de black, de thrash et des influences diverses de son leader, "Rapture" avait le mérite d'avoir un soupçon de personnalité, sans être révolutionnaire pour un sou. "Black Wings of Destiny" donne carrément dans le plagiat de "Puritanical...", à la limite du gênant sur pas mal de passages. Je vous laisse folâtrer sur la page myspace indiquée sur le site du groupe. Vous devriez glousser à l'écoute de "Sins of Allegiance". Même riffs thrash, même effets sur la voix, même breaks au synthé, même placement des voix, même construction des morceaux, ça fait chier!! Seuls les solos rappellent qu'on n'écoute pas Dimmu. Il ne manque plus à l'édifice que le chant de Vortex, même si le sieur Peterson se débrouille pas trop mal dans son registre. Dragonlord termine, comme son modèle, par une reprise "décalée" en guise de dixième titre (ici "Emerald" de Thin Lizzy).

Voila mon dilemme depuis la première écoute des 45 minutes que dure cet album: qu'en penser? L'exécution est impeccable, le son est très bon malgré un clavier sonnant un poil "progressif" par moment (pour info, c'est une production des studios Fredman, encore par souci de bien se démarquer). Cet album ne peut que séduire ceux qui aiment son très supérieur modèle Dimmu Borgir ou les groupes de black mélodique à synthé. Ceux-là ne peuvent être déçus. Quant aux autres, et bien on pourrait se contenter de dire que ce n'est pas à leur goût, voila tout...

Mais d'un autre côté, cette absence totale d'originalité, ces compositions sans aucune identité propre et sans aucun relief, cette simple application d'une recette sans aucune implication personnelle me font largement hésiter à planter cet album. Certes il est bien fait, rien à dire à ce niveau. Mais ce n'est au final qu'une copie aseptisée d'un produit déjà fortement calibré. Vous n'avez maintenant plus qu'à vous forger votre propre avis. Pour ma part, je décide de cartonner ce manque de respect à la scène BM. Quand on fait du black, ce n'est pas Dimmu Borgir qu'il faut repomper, nom de Zeus!


Rédigé par : Prince de Lu | 08,5/20 | Nb de lectures : 13774