En démarrant avec des noms d’albums aussi stéréotypés que « The Battle Of The Ivory Plains » et « Holy War », DRAGONLAND n’avait pas emprunté la voie la plus directe pour se faire remarquer. Les compos étaient à l’unisson, entre speed trop classique et heavy honnête mais quelconque. Avec « Starfall », sorti en 2001, les suédois avaient soudainement élevé le niveau : ralentissement des tempos, accentuation de leur côté power (puissantes rythmiques à la « Soul Survivor » de HELLOWEEN) et mise en valeur des parties orchestrales/symphoniques… « Astronomy », disponible depuis quelques jours, fait plus qu’enfoncer le clou ; il lui explose la tête à grands coups du marteau magique de Thor ! Comme si on avait quitté des musiciens encore prépubères et timides à la fin de l’année scolaire et qu’on les retrouvait à la rentrée plus grands de dix centimètres, avec une voix de baryton et l’assurance de ceux qui savent qu’on ne se moquera plus d’eux dans les douches.

La confiance et la faim d’exploration de DRAGONLAND sont telles que les premiers titres auraient pu figurer sur des albums appartenant à des styles différents : « Supernova » est un morceau heavy power classique, « Cassiopea » lorgne sur le métal à voix féminine d’EDENBRIDGE, « Contact » fait le lien entre speed mélodique et thrash suédois, « Antimatter » se donne de faux airs de SCAR SYMMETRY avec sa voix black/death sur le refrain, « The Book Of Shadows Part IV » met un point final à la saga en grande partie instrumentale entamée sur « Starfall » et met en valeur par la même occasion les progrès faits par le groupe dans le domaine symphonique. A ce propos, la trilogie (également instrumentale) qui clôt l’album comporte quelques passages magistraux dignes des meilleures intros/outros de DIMMU BORGIR !

La diversité n’est pas tout cependant, et « Astronomy » pourrait n’être qu’un étalage de savoir-faire sans âme… s’il n’était aussi incroyablement bon ! Il est devenu très difficile, voire quasiment impossible de nos jours de proposer quelque chose de nouveau en matière de heavy metal, et pourtant DRAGONLAND, l’air de rien et avec une facilité déconcertante, donne l’impression que tout est encore possible, qu’il reste encore une infinité de constellations inexplorées. Jonas Heidgert (chant) est le chef de cette expédition interstellaire, toujours présent sans trop en faire, mettant sa voix puissante et haut perchée typique du speed mélodique au service du groupe, quitte à se mettre en retrait à certains moments alors qu’on aimerait qu’il pousse plus encore dans les aigus. Que les rythmiques soient lourdes ou rapides, que l’habillage soit orchestral ou pas, il parvient à chaque fois à poser un couplet ou un refrain imparables et fait de quasiment chaque titre un tube en puissance !

Malgré toutes ces qualités, la variété des chemins empruntés conduit toutefois à certaines longueurs, principalement en fin d’album avec la dispensable ballade « Too Late For Sorrow » et les trois instrumentaux symphoniques un poil soporifiques (quoique très pros, comme évoqué plus haut) « The Old House On The Hill ». Dommage compte tenu du sans faute des deux premiers tiers de l’album, mais il n’en reste pas moins l’un des meilleurs et des plus ambitieux disques de heavy sorti cette année, une réussite particulièrement réjouissante qui je l’espère mettra les suédois sur le devant de la scène.


Rédigé par : Dungorpat | 17/20 | Nb de lectures : 13912