A l'heure où l'arbre généalogique du métal voit ses ramifications devenir de plus en plus nombreuses, il est tout à fait logique de voir apparaître une multitude de groupes déclinant cette musique qui nous est chère sous de nouvelles formes en incorporant des éléments provenant d'horizons qui peuvent paraître éloignés mais qui commencent, mine de rien, à prendre de l'envergure.
Originaire de la Seine-Maritime, Draft fait partie, comme beaucoup de groupes émergents, de ce nouveau souffle. En fait partie oui, mais on sent que Draft veut faire les choses autrement car ce groupe évolue dans un style assez particulier l'on pourrait qualifier de pop/core. Ou plutôt d'emo-core avec une sorte de feeling pop. Les émotions sont clairement mises en avant grâce à un chant tantôt clair et triste tantôt rageusement hurlé mais, quoi qu'il en soit, toujours mélodique. Pas de riffs spécialement originaux, mais tout simplement efficaces et surtout une manière particulière de les jouer. Ces riffs sont des riffs qui saignent, incisifs, douloureux et maintenus par des accords grattés de façon linéaire. Le côté pop plane sur la majorité des morceaux et on peut se demander parfois si on est en train d'écouter une musique affiliée métal ou une pop sévèrement burnée. Mais que l'on se rassure la section rythmique ne laisse aucun doute là dessus : Draft joue bien un post hard core torturé et par moment enragé. Pour autant cela ne ressemble pas à la multitude grandissante de groupes emo actuels. Il y a quelque chose de différent. Une grosse personnalité en fait.
Mais malgré cet atout majeur qu'est la personnalité, « Stockholm Syndrome » n'est pas un ep parfait. La production est assez mauvaise et même si cela pourrait passer pour une volonté de sonner noizy, il arrive que sur certains passages la crash du batteur ou la voix hurlée du chanteur débordent sur le reste. Autre point disgracieux : le chant clair est parfois vraiment limite en terme justesse. Cela rend l'écoute de certains morceaux difficile, notamment le premier qui est d'ailleurs sobrement non-intitulé. Mais Jean Marc fait oublier cette lacune lorsqu'il est question des chants hurlés sous lesquels perce toujours un soupçon de mélodie, cette fois, parfaitement maîtrisée.
La musique et le son torturé de Draft respirent la douleur et la sincérité. Mais l'ensemble manque encore de maturité. Cela dit vu que cet ep date de 2002 et que le groupe prépare actuellement un mini promotionnel afin de démarcher, il y a fort à parier que, s'il s'en donne les moyens, l'on devrait réentendre parler de lui. http://www.draft.fr.st


Rédigé par : [eMp] | 3/5 | Nb de lectures : 8679