Enfin un peu de renouveau dans le style gothic-metal. Nés il y a presque 10 ans sous le nom de Kerberos, ces suédois ont pas mal galeré avant de réussir à sortir leur premier album. En vérité le terme "gothic-metal" est plutôt réducteur pour qualifier la musique de Draconian. Je définirais leur style plutôt comme du dark/doom mélodique, un peu comme si Sirenia rejoignait My Dying Bride et Novembers Doom. Cette petite perle de mélancolie et de tristesse n'a pas forcément grand chose d'original mais réussit à transcender, voire peut-être même renouveler, un style qui n'avait plus vraiment apporté grand chose de vraiment intéressant ces derniers temps. Si les habituels vocaux féminins sont toujours présents, on est agréablement surpris de constater qu'ils forment une belle parité avec les vocalises masculines et que le syndrome Nightwish "Le groupe c'est moi et personne d'autre" n'a pas encore atteint tout le monde. Le mâle derrière le micro, Anders Jacobsson, possède une voix agressive, très bien maîtrisée, qui s'adapte parfaitement à une musique lêchée, dense et magnifiquement orchestrée. Sa comparse Lisa Johansson officie dans un registre plus classique, un peu à la manière de Liv Kristine à ses débuts. Niveau musical, le premier morceau est une pure merveille de presque 13 minutes "The cry of silence", lente et magnifiée, qui ne décolle que lors de quelques passages épiques de premier ordre et on se surprend de retrouver du grand Katatonia dans ces magistrales envolées. On a déjà vu bien pire comme entrée en la matière. La suite est composée de sept morceaux d'une durée plus raisonnable (de 4 à 8 minutes) très doom pour certains ("A slumber did my spirit seal" et ses violons larmoyants, l'acoustique et intimiste "Akherousia", le lancinant "Reversio ad secessum"), plus agressifs pour d'autres ("It grieves my heart" et ses lignes de guitare entêtantes, "The Solitude" toujours très katatoniesque, "The amaranth" dont l'ambiance donne des frissons). Les rythmiques restent de toute façon toujours dans une veine très modérée et ce sont plutôt les ambiances qui en sortent gagnantes. L'adjonction de claviers et d'instruments à cordes s'est faite de façon très naturelle et assez discrète (hormis peut-être sur "Silent Winter"). Les parties ambient et instrumentales, ainsi que les quelques choeurs, sont vraiment superbes, parfaitement intégrés dans des structures de morceaux intelligentes et nullement téléphonées. La production est bien ficelée, le groupe est parfaitement à l'aise dans un style que dix années de galère lui ont permis de maîtriser à la perfection et le romantisme déséspéré de "Where lovers mourn" fera certainement pas mal d'émules. Difficile de trouver des défauts sur cette oeuvre introductive qui m'a fait chavirer dès la première écoute. C'est beau, poignant, incroyablement mature et si vous cherchez toujours un successeur valide au "Velvet darkness they fear" de TOT, un début de satisfaction peut poindre à l'écoute de cette belle petite perle. Un chef d'oeuvre ? Même en faisant le plein de mauvaise foi, on ne doit pas en être bien loin... http://www.draconian.se/


Rédigé par : Loufi | 17,5/20 | Nb de lectures : 9179