DOWNFALL OF GAIA - Suffocating in the swarm of cranes (Metal Blade/Sony) - 03/12/2012 @ 07h59
Downfall of Gaia est un jeune groupe allemand, formé en 2008, dont l’album « Suffocating in the swarm of cranes » est le second full-lengh après Epos, sorti en 2010. Ses membres, inconnus des services de la police du metal, sont éparpillés entre Berlin, Hambourg et Hanovre. La précision peut sembler inutile ; elle est pourtant soulignée par le label et elle peut avoir son importance lorsque l’on sait que cette ville est la patrie d’un monument allemand du hard rock, Scorpions.
Soyons clairs de suite : il ne sera jamais question ici de heavy metal à l’allemande, encore moins de power metal à dragons. Pas de montée ni de descente de manche, pas de voix suraigües non plus.
A dire vrai, la biographie balancée par le label (Metal Blade) induit en erreur – comme souvent – sur la réalité musicale de ce combo. Estampillée doom, down tempo (sic !), black metal, sludge, hardcore, ce melting-pot accouche d’une souris. Car si les débuts du combo sont clairement crust dans l’esprit comme dans la musique (le EP Salvation in darkness), Downfall of Gaia est aujourd’hui un pur groupe de postcore, mâtiné de black metal. De fait, tout au long de cet album, ce sont bien – et uniquement – Neurosis, Wolves in the throne room et, de manière plus marginale, Altar of plagues et Pelican qui sont convoqués. Le hardcore, au travers de ses riffs saccadés, le doom comme le sludge, pour la lourdeur de certains passages, ne servent que de prétextes à enrober un propos encore une fois, et très largement, post core. Ils agrémentent une ligne directrice qui varie peu.
Et c’est là tout le problème de cet opus.
Downfall of Gaia nous offre un album agaçant. Agaçant parce qu’on ne sait jamais très bien s’il s’agit d’une véritable réussite ou d’une imposture. D’un album phare ou d’un album de plus. Les morceaux, plutôt longs (ils oscillent entre 7 et 9 minutes pour la plupart) sont agréables, l’écoute est confortable, le son est chaud, particulièrement organique, la faute à une batterie parfaitement mixée ; il est enveloppant, assez peu suffocant finalement pour le style, voire quasiment pas oppressant. Les mélodies sont finement ciselées. L’ensemble est indéniablement dynamique, la faute là encore à un son approprié. Les couches de blast et de mélodies s’entendent nettement, rien ne vient heurter l’écoute, rien ne vient réellement perturber l’auditeur dans son voyage.
Mais, car il y a un mais, l’ensemble est également très monolithique. Les morceaux se suivent et se ressemblent au point de former un tout quasi indissociable. Les structures musicales sont quasi identiques : intro calme, aérienne, minimaliste, propre à la méditation et au voyage intérieur puis montée en puissance et grosse accélération finale avant d’entamer un retour vers un pont central redevenu apaisé. La voix est trop monocorde, peu recherchée et, finalement, très classique pour le style. Mais surtout, les influences « neurosiennes et wolvsiennes » de DOG sont trop visibles.
Le titre introductif (« [vulnus] »), tout instrumental, ouvre sur une séquence que l’on pourrait penser directement sortie du « Fire in our throat… » de Pelican avant qu’une brutale accélération typique de Wolves in the throne room n’intervienne aux alentours des 3 minutes. Cette architecture constituera le fil rouge de tout l’album.
Drowning by wing beats, In the rivers bleak et I fade away, les trois morceaux suivants, la respectent à la lettre : intros planantes (les mêmes que sur Black Cascade ou Given to the rising), limite atmosphérique, qui convoquent de grosses ambiances sylvestres (sur Drowning…, l’influence de WITTR époque Two hunters est patente) avant que n’explosent les blast beat et le chant hurlé, sur fond de mélodies mid-tempo. Dans ces trois morceaux, c’est naturellement WITTR et Neurosis (époque The eyes et Given…, notamment le morceau « To the wind », dont la structure même reprend les critères mentionnés) qui sont appelés à la barre, mais également, de façon plus spectaculaire, Altar of Plagues voire Year of no light (pour certains aspects parfois noise du combo). Le propos est consistant, certes, mais le manque de variation et de respiration dans l’ensemble rendent le tout très – trop – uniforme.
Ces allers-retours incessants entre ambiances planantes et montées en puissance / explosions lourdes sont connus. Le pont central du titre 5 « Beneath the crown of cranes », modèle de cette structure, aux alentours des 3 minutes 30, pourraient là encore être puisé dans le Two hunters de qui vous savez.
Finalement, seul le dernier titre « Asphyxia », tranche réellement avec ses riffs clairs, sa batterie limite jazzy, sa basse ronflante mais discrète, comme tamisée. Les respirations prennent place, le mammouth se dote d’ailes de papillon.
Mais il est un peu tard. Au final, si l’alternance d’ambiances champêtres et de riffs lourds et dissonants fait son petit effet, il ne surprendra pas ceux qui pratiquent déjà le style, ici en terrain connu. Disons-le clairement, cet album est bon mais il ne révolutionne rien, ni n’apporte rien au genre. Son caractère monolithique, sa voix banale et sans relief, lui ôtent bien des qualités, ce qui est regrettable tant le confort d’écoute est réel.
Quant au packaging, il est superbe, la version digipack comprenant en outre deux beaux autocollants qui viendront faire les malins à l’arrière de votre véhicule.
Autant le 1er m'avait de glace, autant cette 2e galette m'a emballé...forcément, serais-je tenté de dire, tant leur évolution vers un son proche des derniers Wittr et Altar of Plagues est parfaitement maîtrisée. Tant un fervent supporter de ces 2 dernières formations, je m'y retrouve avec bonheur.
Comme Raziel le précise, une bonne grosse louche de Neurosis est ajoutée sans détour et je trouve que cela "aère" considérablement leur musique.
Quant au côté monolithique, on ne peut le nier certes, mais il leur sied à merveille !
Une très belle découverte en ce qui me concerne, qui devrait égayer comme il se doit mon top 10 pour 2012 !
Thumbs uuuuup!
Seb On Fire Membre enregistré
Posté le: 03/12/2012 à 12h06 - (104952)
"Downfall of Gaia nous offre un album agaçant. Agaçant parce qu’on ne sait jamais très bien s’il s’agit d’une véritable réussite ou d’une imposture."
Je suis exactement du même avis.
daminoux Membre enregistré
Posté le: 03/12/2012 à 12h44 - (104953)
excellente découverte de mon coté.... on peux prendre l'album comme un seul bloc.... mais le reproche que je peux faire c'est la durée des morceaux un poil trop long avec un manque de variation..
chaussure Membre enregistré
Posté le: 03/12/2012 à 13h13 - (104954)
j'y peux rien, dès que c'est Teuton, j'imagine une machine trop bien calibrée ou un élève qui souhaite à tout prix être ler de la classe.
(putain et ce nom de label...)
je préfère nos amis Irlandais sus-cités, qui attaque nos conduit auditif avec une méthode beaucoup moins politiquement correct.
après, question qualité intrinsèque (voilà que je parle comme un vendeur de VW), c'est quand même très bien branlé ce qu'ils font, j'me laisserais bien tenter.
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 04/12/2012 à 18h54 - (104966)
J'ai trouvé ce disque trop long et surtout pas très palpitant...
cuir IP:89.84.146.119 Invité
Posté le: 23/10/2013 à 14h36 - (109605)
moi j aime bien
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A dire vrai, la biographie balancée par le label (Metal Blade) induit en erreur – comme souvent – sur la réalité musicale de ce combo. Estampillée doom, down tempo (sic !), black metal, sludge, hardcore, ce melting-pot accouche d’une souris. Car si les débuts du combo sont clairement crust dans l’esprit comme dans la musique (le EP Salvation in darkness), Downfall of Gaia est aujourd’hui un pur groupe de postcore, mâtiné de black metal. De fait, tout au long de cet album, ce sont bien – et uniquement – Neurosis, Wolves in the throne room et, de manière plus marginale, Altar of plagues et Pelican qui sont convoqués. Le hardcore, au travers de ses riffs saccadés, le doom comme le sludge, pour la lourdeur de certains passages, ne servent que de prétextes à enrober un propos encore une fois, et très largement, post core. Ils agrémentent une ligne directrice qui varie peu.
Et c’est là tout le problème de cet opus.
Downfall of Gaia nous offre un album agaçant. Agaçant parce qu’on ne sait jamais très bien s’il s’agit d’une véritable réussite ou d’une imposture. D’un album phare ou d’un album de plus. Les morceaux, plutôt longs (ils oscillent entre 7 et 9 minutes pour la plupart) sont agréables, l’écoute est confortable, le son est chaud, particulièrement organique, la faute à une batterie parfaitement mixée ; il est enveloppant, assez peu suffocant finalement pour le style, voire quasiment pas oppressant. Les mélodies sont finement ciselées. L’ensemble est indéniablement dynamique, la faute là encore à un son approprié. Les couches de blast et de mélodies s’entendent nettement, rien ne vient heurter l’écoute, rien ne vient réellement perturber l’auditeur dans son voyage.
Mais, car il y a un mais, l’ensemble est également très monolithique. Les morceaux se suivent et se ressemblent au point de former un tout quasi indissociable. Les structures musicales sont quasi identiques : intro calme, aérienne, minimaliste, propre à la méditation et au voyage intérieur puis montée en puissance et grosse accélération finale avant d’entamer un retour vers un pont central redevenu apaisé. La voix est trop monocorde, peu recherchée et, finalement, très classique pour le style. Mais surtout, les influences « neurosiennes et wolvsiennes » de DOG sont trop visibles.
Le titre introductif (« [vulnus] »), tout instrumental, ouvre sur une séquence que l’on pourrait penser directement sortie du « Fire in our throat… » de Pelican avant qu’une brutale accélération typique de Wolves in the throne room n’intervienne aux alentours des 3 minutes. Cette architecture constituera le fil rouge de tout l’album.
Drowning by wing beats, In the rivers bleak et I fade away, les trois morceaux suivants, la respectent à la lettre : intros planantes (les mêmes que sur Black Cascade ou Given to the rising), limite atmosphérique, qui convoquent de grosses ambiances sylvestres (sur Drowning…, l’influence de WITTR époque Two hunters est patente) avant que n’explosent les blast beat et le chant hurlé, sur fond de mélodies mid-tempo. Dans ces trois morceaux, c’est naturellement WITTR et Neurosis (époque The eyes et Given…, notamment le morceau « To the wind », dont la structure même reprend les critères mentionnés) qui sont appelés à la barre, mais également, de façon plus spectaculaire, Altar of Plagues voire Year of no light (pour certains aspects parfois noise du combo). Le propos est consistant, certes, mais le manque de variation et de respiration dans l’ensemble rendent le tout très – trop – uniforme.
Ces allers-retours incessants entre ambiances planantes et montées en puissance / explosions lourdes sont connus. Le pont central du titre 5 « Beneath the crown of cranes », modèle de cette structure, aux alentours des 3 minutes 30, pourraient là encore être puisé dans le Two hunters de qui vous savez.
Finalement, seul le dernier titre « Asphyxia », tranche réellement avec ses riffs clairs, sa batterie limite jazzy, sa basse ronflante mais discrète, comme tamisée. Les respirations prennent place, le mammouth se dote d’ailes de papillon.
Mais il est un peu tard. Au final, si l’alternance d’ambiances champêtres et de riffs lourds et dissonants fait son petit effet, il ne surprendra pas ceux qui pratiquent déjà le style, ici en terrain connu. Disons-le clairement, cet album est bon mais il ne révolutionne rien, ni n’apporte rien au genre. Son caractère monolithique, sa voix banale et sans relief, lui ôtent bien des qualités, ce qui est regrettable tant le confort d’écoute est réel.
Quant au packaging, il est superbe, la version digipack comprenant en outre deux beaux autocollants qui viendront faire les malins à l’arrière de votre véhicule.
Rédigé par : raziel | 14/20 | Nb de lectures : 18867