Ce mois de novembre voit la sortie du nouvel opus de Dornenreich. Le projet autrichien est piloté uniquement par Eviga, de son petit nom Jochen Stock. Le bonhomme est resté seul maître à bord après la désertion de Valñes (Dunkelkind aka Thomas Stock). L'ancien acolyte ne vient faire que quelques guest vocals sur "II" et assurer quelques parties de synthé. Eviga s'est également entouré de Michael Stein pour les parties de batterie. Mes connaissance en allemand se limitant à assurer ma survie dans "Medal of Honor", je ne pourrai vous donner plus de détails sur cette fructueuse collaboration.

Maintenant que "Hexenwind" est un peu plus daté, je peux être franc. Cet album ne vaut pas vraiment tripette dans la discographie du groupe, cette rigidité germanique acidulée faisant bien pâle figure face à des oeuvres plus psychédéliques et dérangeantes dans le genre (comme les derniers Tiamat par exemple). Alors que je n'en attendais plus grand chose, Dornenreich a eu un sursaut qui rapproche à nouveau le groupe du giron métal. Son dark s'est assombri, proposant des ambiances plus glauques dans ce dernier effort de huit titres. J'en veux pour preuve ces passages hurlés qui me font furieusement penser à Ondskapt (surtout "II" et "III"). Si les guitares sonnent rarement métal, une atmosphère plus oppressante est presque palpable, comme si les évènements ne se déroulaient pas de façon tout à fait normale, comme si la réalité glissait lentement.

Les élans acoustiques dignes d'un Anathema mêlés aux riffs électriques posés avec une fausse nonchalance créent une atmosphère particulièrement propice à se laisser porter par le flot de notes. La voix chuchotée, qui sait également hurler sa détresse et sa douleur, vient apporter la touche finale à une musique bourrée de sensibilité. Ce "Duch Den Traum", à la touche dark tellement mélancolique, ne peut que toucher l'âme du black métalleux avide d'ambiances plus glauques. Les cinquante minutes de l'album s'écoulent comme le testament douloureux d'un malade agonisant, ouvrage intelligemment ponctué de moments plus dynamiques qui relancent la machine. Je signale que l'album en version digipack compte un titre de plus.

Dornenreich, à mon sens, redresse la barre, même si la violence n'est définitivement plus au programme autrement qu'intériorisée. Si le style du groupe n'est plus trop ma tasse de thé depuis une paire d'albums, il faut reconnaître à "Durch Den Traum" des qualités de composition et d'interprétation. Les amateurs de dark sombre seront probablement bien plus enthousiastes. Je trouve au final cet album très bien fait et véritablement prenant.




Rédigé par : Prince de Lu | 16/20 | Nb de lectures : 13619