Un des papas du math-rock sur un des plus gros label metal, ça mérite un peu de curiosité, non ? Je ne connais pas bien ce groupe, les ayant vus une fois lors d’un festival et n’ayant rien compris à leur musique sur le coup. ‘Punkgasm’ constitue leur septième œuvre à ce jour en 17 ans de carrière, mais bon, il n’est jamais trop tard pour découvrir un groupe en profondeur, n’est-ce pas ?

Alors, le groupe de Pittsburgh connaît apparemment une seconde jeunesse depuis 5 ans vu qu’il ne reste plus que le batteur, Damon Che, comme membre d’origine, les autres étant partis monter d’autres projets parmi lesquels seul Battles évoque quelque chose à mes oreilles (sympathique truc rock électrisant, d’ailleurs). N’ayant pas du tout connu la première vie du combo, ayant juste posé quelques fois les oreilles sur les deux précédents albums du groupe, surtout ‘World Class machin’ déjà sorti chez Relapse, je ne vais sûrement pas me la jouer puriste. Je vais donc m’attacher à décrire leur musique comme un néophyte s’adressant à d’autres newbs, les Jol fans du groupe pourront m’incendier tout leur saoûl, m’en fous, cochon qui mendie! Bon, le math-rock, qu’est-ce que c’est ? Ben, c’est du rock un peu noisy, souvent instrumental, dont les mesures sont généralement asymétriques, les lignes de guitares dissonnantes et les morceaux complexes et torturés, le tout sans saturation excessive et artifice grossier. En gros, ce sont des rockeurs qui voudraient jouer du jazz mais qui peuvent pas se passer de partition, pour caricaturer! Pour vous situer, c’est un peu comme si les mecs de Psyopus ou de Dillinger Escape Plan se calmaient et essayaient de pondre de la musique plus posée. Vous situez ?

La particularité de cet album réside dans la variété du type d’ambiances, sortant du cadre exclusivement ‘mathématique’ pour proposer des chansons légèrement plus ‘catchy’ et passe-partout, plus post-rock à la Explosions In The Sky pour synthétiser (Why Is The couch Always Wet). On trouve aussi des passages métallisés fortement mélodieux, où un chant vient se poser (Lord Krepelka, Bulk Eye), qui nous font penser au Isis des deux derniers opus, curieusement. Il faut croire que la signature chez Relapse en 2005 s’est accompagnée d’un désir de plaire un tantinet au public habituel de ce label. Après, on trouve tout de même les sempiternels morceaux instrumentaux, longs et tortueux comme Longest Shop…, qui ne sont pour moi pas les plus passionnants de l’album, loin de là, les gimmicks passés en boucle pendant 5 minutes, aussi techniques soient-ils, m’agaçant très rapidement. Enfin, après de multiples écoutes, l’impression qui prédomine demeure la satisfaction d’écouter un groupe particulièrement doué techniquement (Damon Che est vraiment un superbe batteur au jeu tout en nuances) mais pour une fois largement inspiré et créatif. Les morceaux ne sont pas qu’une longue démonstration du niveau de chaque musicien, une grosse séance de branlette collective sur chaque instrument destinée à faire bander les pseudo-intellos qui ne considèrent la musique que lorsque les partitions sont complètement noires et les prouesses légion. DON CABALLERO est parfaitement capable d’écrire des morceaux accessibles transmettant des émotions, dont on retient les mélodies, sans pour autant verser dans le mielleux non plus. J’imagine que les puristes du groupe devraient crier au scandale et au mercantilisme, mais ceux qui vont le découvrir pourront y trouver rapidement leur compte sans avoir l’impression de ne rien comprendre, et même se remettre l’album régulièrement, si, si! On peut aussi souligner un artwork absolument magnifique et une production irréprochable où le moindre effleurement de la charley est perceptible.

Un petit côté Fugazi, une ressemblance avec Isis, des passages vrombissants qui plairont aux métalleux en leur rappelant Clutch, des mélodies rock implacables, le tout gardant la patte DON CABALLERO: 'Punkgasm' démontre que le groupe élargit son champ musical et sort du cadre du math-rock pur et dur. Les fans de la première heure cracheront sûrement leur fiel pendant que Damon Che compte ses dollars avant de se payer ses 14 villas, l’important reste que cet album fourmille de qualités indéniables !


Rédigé par : Candiria-Thon | 15/20 | Nb de lectures : 10836