"Je suis en retard! En retard! En retard!". Pas facile de se concentrer avec ce satané lapin qui court partout dans la pièce. Mais il n'a pas tort le bougre, je suis en retard. Les membres de Dominant Obscurity m'en excuseront, je les avais prévenus que les chroniques à rédiger s'empilaient sur mon bureau. Mais je ne sais pas dire non quand un groupe me contacte pour une chronique, faible que je suis.

Dominant Obscurity est donc un récent projet aquitain. Enfin, aquitain, parce que le groupe semble plutôt palpiter du côté de Bordeaux. Mais en réalité on trouve dans ses rangs les membres de feu-Ossuaire, hormis le bassiste remplacé par l'ex-bassiste d'Ossuaire. A noter aussi que le chanteur/batteur a également officié comme bretteur dans le combo toulousain Malhkebre. Le quintet, encore quartet au moment de l'enregistrement, s'est rendu aux Echoes Studio pour mettre en boîte sa première démo 4 titres (dont une intro) pour un peu plus de 24 minutes d'un black metal mélodique.

Le détail qui m'a accroché, c'est une petite ressemblance avec le combo norvégien Aeternus (le vrai, celui des débuts). Eric a une voix très proche du grondement éraillé d'Ares (faiblesse souvent décriée du groupe mais pour laquelle j'ai toujours eu beaucoup de sympathie). De même, les longs moments atmosphériques où le groupe plaque ses accords et déroule ses lents arpèges au tempo d'une procession funèbre (comme les parties centrales de "Fall of the Unlucid" et "Unleashing the Whispers") m'évoquent irrémédiablement les instants épiques du regretté combo norvégien. Mais le mimétisme s'arrête là.

Dominant Obscurity privilégie des structures dynamiques, variant les tempos et les riffs, dans un black qui se positionne entre le progressif et l'atmosphérique. Car le combo n'essaie pas de produire des architectures de morceaux complexes comme pourrait le faire Asmodée, sans pour autant mettre totalement sa musique au service de l'atmosphère des titres comme le proposerait Saël. Dominant Obscurity se situe quelque part entre les deux.

Le choix des groupes mentionnés n'est évidemment pas aléatoire, puisque Raphaël Henry est derrière le son des dernières offrandes d'Asmodée et Saël. La démo de Dominant Obscurity bénéficie donc de l'expérience et de la qualité habituelle des productions de l'Echoes Studio. On retrouve une basse bien présente qui ronfle ses parties évoluées à l'arrière-plan et des guitares crachant leur énergie aux côté de la voix. Ce type de son, je l'aime assez et la seule chose qui m'embête est que tout ce boulot ne va pas nous avancer le prochain Saël!

Le seul reproche que je pourrais faire à Dominant Obscurity est finalement de ménager la chèvre et le chou, en évitant de se jeter à corps perdus dans des structures trop progressistes mais en n'offrant toutefois pas un album privilégiant les ambiances. Malgré ces grandes qualités, cette démo pourra du coup être perçue comme un poil neutre et un chouia redondante, n'étant ni agressive, ni épique, ni démonstrative. Elle me paraît donc tout à fait adaptée aux amateurs d'un black travaillé, qui recherche une inventivité musicale tout en gardant une bonne accessibilité. Se démarquant des sorties habituelles, le groupe paraît tout à fait en capacité de proposer quelque chose de très abouti dans l'avenir. Pour 5 euros port compris, ça serait dommage de se priver de cette première fort bonne esquisse.


Rédigé par : Prince de Lu | 4/5 | Nb de lectures : 10365