DOMADORA - Tibetan Monk (Autoproduction) - 27/09/2013 @ 07h56
L'actualité semble indiquer une reprise du marché de la musique. C'est l'occasion de pointer quelques conséquences de l'apparition de la dématérialisation de l'offre musicale. Les ventes de disques ont chuté avec le téléchargement illégal mais aussi à cause de l'absence d'offre alternative par les maisons de disques. Progressivement, le streaming a trouvé une place et les maisons de disques ont pu tirer parti de ses services.
Entre temps, quelques dommages collatéraux : restructurations, suppressions d'emploi, le mp3 qui conditionne des habitudes d'écoute en moindre qualité, la difficulté pour les groupes émergents de se trouver une place faute de ventes. Mais il y a également quelques avantages savoureux : le streaming qui permet de découvrir de nouveaux artistes à moindre coût, l'obligation pour les groupes d'aller chercher la rentabilité sur scène, l'évolution des ventes physiques tournées vers les (vieux) collectionneurs - éditions collectors, vinyles, merchandising... Enfin, la dématérialisation de la distribution s'est accompagnée de la démocratisation des moyens de production. Ainsi, malgré la crise, la production musicale est restée foisonnante. Cela oblige l'auditeur à trier mais cela permet aussi de découvrir des artistes comme Domadora qui n'auraient jamais pu diffuser leur musique autrement.

Le groupe français évolue en effet dans un marché de niche : du hard-rock instrumental inspiré des seventies et du stoner. Quelle maison de disque aurait parié à l'époque de la crise sur ce type de démarche musicale ? Pourtant, il existe un public. En témoignent des festivals comme le Roadburn et des groupes dans la même lignée : les excellents Earthless et Om notamment et de manière plus lointaine The Mystick Krewe Of Clearlight (à découvrir absolument). Heureusement donc, il est possible de découvrir des groupes comme Domadora ! Leur style modelé dans l'argile du rock hippie, Hendrix en tête, et enrichi d'influences stoner puisées chez Kyuss, vaut en effet le coup d'oreille.

« Tibetan Monk », dont la pochette intrigue vu le style pratiqué, est un 1er album studio né des jams que le groupe affectionne et dont il a puisé la sève et articulé autour de quatre pièces principales. L'intro et le seul morceau chanté sont en effet dispensables quand l'outro courte signe une sympathique clôture. Venons en donc aux pavés qui constituent le cœur de l'album. « Ziggy Jam », 11 minutes, se déploie sur un rythme lent et martial porté par la session rythmique. La guitare tranche en balançant de beaux leads frénétiques. La 2ème moitié relance le morceau de manière efficace avec son rythme enlevé. Intéressant. « Naïroya » enchaîne en contrepied.
Démarrage en douceur porté par un jeu de guitare mélodique en son clair. Les effets sont parfaitement maîtrisés à l'image du flanger qui vient lancer le solo. L'ambiance éthérée se fait de plus en plus énergique à mesure que le jeu en nuance de la gratte fait rugir le crunch puis la disto. Les solos et les mélodies qui fondent le morceau s'entremêlent parfaitement avant que le morceau ne s'emballe et se libère sur une fin rock entraînante. Domadora maintient ici à l'intérêt de l'auditeur pendant plus de 12 minutes. Balaise ! L'intro de « The Oldest Man On The Left » rappelle les records de températures fossilisés dans le vinyle du « Welcome To Sky Valley » de Kyuss. C'est le morceau le plus stoner de « Tibetan Monk ». Des samples de voix surprennent et lancent une partie plus « free » dans la veine de Colour Haze mais aussi teintée d'une touche New-Orleans particulièrement intéressante. Enfin « Domadora Jam » est comme son nom l'indique le morceau qui sonne le plus improvisé. Très rock, on pense ici au grand Jimi.

Domadora a encore des marges de manœuvres pour parvenir à un album totalement abouti. Les dangers d'un exercice instrumental sont l'indigestion et la lassitude. Parions donc que le groupe saura à l'avenir s'imposer une sélection plus rigoureuse et que la session rythmique trouvera plus de place pour s'exprimer. Leur style permet en effet des digressions multiples. Ces réserves énoncées, reconnaissons au groupe d'avoir su trouver une production live très appropriée. Surtout, l'écoute de « Tibetan Monk » évoque ce sentiment rare et agréable qu'on retrouve à l'écoute de monument comme « Free Bird » de Lynyrd Skynyrd : la liberté ! Domadora fait ce qui lui plaît avec cœur et passion et transmet son enthousiasme et sa fougue. A déguster plein volume entre amis avec une bonne bière. Mieux, à voir en concert ! En tout cas, s'ils passent près de chez moi, j'en suis !

http://www.domadora.fr - 181 visite(s)


Rédigé par : TheUgly | 12/20 | Nb de lectures : 12493




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