Sa misanthropie, Dodsferd la revendique au travers d'album aux titres toujours évocateurs. Suicide... est la cinquième livraison longue durée du projet solo grec. Si Dodsferd a pris le temps de trouver ses marques après sa première démo en 2004, Wrath a enclenché la surmultiplié à partir de son premier album, Desecrating the Spirit of Life (2006), et principalement après sa signature chez Moribund dès son second opus, Fucking your Creation (2007). Prolifique, Dodsferd essaie également de ne pas être répétitif, et les changements apportés à la musique de l'entité sont bien présents. Si Cursing the Will to Live (3ème opus, en 2007 itou) se présentait comme moins brut, il n'en comportait pas moins des assauts rageurs aux mélodies respectant l'appellation d'origine grecque (ligne de conduite jusqu'alors de Dodsferd). J'avoue que cette bonne impression s'est effacée après mes écoutes de Death set the Beginning of my Journey (4ème opus, en 2008) qui n'a pas laissé un grand souvenir dans ma mémoire. Et pour sa cinquième offrande, c'est dans un autre genre, et plus précisément dans les bas-fonds du black dépressif, que souhaite nous emporter la forme humanoïde derrière Dodsferd.

Suicide... est donc très loin de la vitalité des précédentes réalisations. L'album ne propose que deux titres, affichant respectivement plus de 20 et plus de 16 minutes. De manière factuelle, l'auditeur ne pourra que constater la présence de tous les poncifs du style, à savoir la voix qui hurle au désespoir, les riffs répétés jusqu'à la litanie, des passages en arpèges pour exprimer la profondeur de son soi et un tempo qui collerait une charge de rhinocéros au sol.

Je vais être honnête: la répétition forcée des deux mêmes riffs pendant plus d'un quart d'heure m'emmerde gravement à chaque écoute et, en plus, ça dure longtemps. L'extrait proposé peut sembler "sympa" (et c'est vrai que c'est pas mal). Mais quand on comprend que les trois quarts restants du morceau ne sont qu'une répétition de ce même bout, ça en devient rapidement lassant. Du coup, histoire de varier son propos, Wrath tente quelques dissonances sur le second morceau. En plus d'être ennuyeux, cela en devient moche. Le riff à 9min15 est même misérable, comme si Wrath n'avait pas su comment enchaîner après l'arpège fourre-tout qu'il psalmodiait depuis de longues minutes. Et il faudra se palucher ces hideux accords et leur lead d'harmonica invraisemblable jusqu'au bout. Ah ben, j'avais prévenu que je serais honnête.

Certes, Dodsferd n'a jamais prétendu avoir inventé l'eau chaude, mais le projet avait le mérite de la fougue et de l'énergie de la jeunesse. Ces deux qualités, assez logiquement absentes ici, ne sont pas remplacées par l'étincelle qui ferait sortir le projet de la marée des sorties de black dépressif. Suicide... est un album bien vide, de la part d'un projet qui tire peut-être trop sur la corde. Et un CD de plus dans la montagne des albums qui ne nécessitent pas la dépense.


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 10593