Inutile de tourner 7 fois autour de l'arbre: DJABAH est un combo directement inspiré par GOJIRA. Dire le contraire serait faire preuve d'une mauvaise foi hallucinante car on retrouve énormément la patte des Landais sur ce "Danhomé": riffs puissants et alambiqués, batterie omniprésente enchaînant des plans franchement impressionnants avec un toucher ultra typé Mario Duplantier, break imparable qui vous laisse sur le carreau, blasts effrénés, chant agressif. On a à la première écoute la désagréable sensation d'avoir affaire à un clone des GOJIRA avec ce neo-death à la violence palpable. Tout ceci est évident. Mais DJABAH présente deux différences majeures par rapport au quatuor.

La première grosse différence se situera dans la manière de composer. DJABAH est un groupe qui manie l'art musical primitif. GOJIRA avait soufflé son monde avec son premier opus qui alliait violence et passages proches du divin. Chez DJABAH il n'en est rien. Le groupe n'a gardé de tout cela que le plus basique et est là pour vous exploser la tête ("Kpengla", "Sévices et Tortures", "To-Elo"...) Ca castagne sévère pendant 30 minutes et n'allez pas chercher dans cet opus quoi que ce soit en matière d'esthétique musicale: c'est brut, un point c'est tout. De ce fait, s'il est clair que les plans de guitares sont assez techniques et franchement bons, leur répétition tend à vous fatiguer rapidement et même si ces 30 minutes passent rapidement (ce timing sied parfaitement à la musique du groupe), on n'a pas spécialement envie de ré-appuyer tout de suite sur la touche play de sa platine... même si quelque chose nous dit qu'on y retournera avec toujours cette impression d'avoir peut-être loupé quelque chose.

La seconde différence se situera quant à elle du côté de la mise en avant du côté tribal de leur musique. Si GOJIRA explore ces méandres du bout des doigts, DJABAH fonce tête première dans cet univers et vous balance à la gueule une musique riche en références ethniques diverses. Le groupe en fait même une marque de fabrique avec un album reflétant en tous points le vieux continent africain, du titre (grosso modo l'ancien nom du Bénin) à la thématique (l'esclavage) en passant par les langues utilisées pour écrire les paroles (deux dialectes de l'Afrique de l'ouest) ou encore certains passages musicaux (le final de "7 fois le tour de l'arbre"). Si la musique se veut rugueuse, l'utilisation de tels langages donne à l'ensemble une âme sauvage, quasi incontrôlable qu'on se ramasse sur la tête alors qu'on avait rien demandé.

Ecrit chez les GOJI, l'album a toutefois été enregistré au Drudenhaus Studio et le travail de Neb Xort est une nouvelle fois bluffant avec un son énorme qui sert indéniablement la musique du combo.

L'expérience DJABAH est une sorte de monde musical relativement hermétique qui demande un nombre d'écoutes certain pour s'immerger dedans. Le format court des titres ne permettant pas de développer un jeu de nuances riche, le groupe joue essentiellement la carte de la brutalité et au bout de huit titres, on ne peut que reconnaître une grande intelligence de leur part à avoir choisi de réaliser un album aussi court. Car ce que le groupe n'a pas en durée, il l'a en intensité. Maintenant, je ne suis pas persuadé qu'avec un tel style, la durée de vie de "Danhomé" soit exceptionnelle (je n'en suis qu'à 5 écoutes, je reviendrais peut-être sur ces mots une fois la galette digérée).
En attendant, DJABAH propose un opus étonnant qui mérite une écoute attentive car nuls doutes qu'avec une telle hargne et une musique aussi ouverte à toute forme de controverse (ce côté identité propre tout en gardant un trop forte ressemblance gojirienne), le sextet devrait faire parler de lui sur la scène métal française extrême...


Rédigé par : Foofur | 15/20 | Nb de lectures : 11556