Comme le patronyme du groupe l’indique, ne vous attendez pas à une débauche de joie de vivre sur cet album. The mourning sign est la seconde réalisation du groupe strasbourgeois Distress qui confirme tout le bien qu’on pensait de lui à la suite de son premier effort : « close to heaven ». Explorant le doom death à sa manière, le groupe propose un album varié, jongle avec les ambiances, mélange l’agressivité à la mélodie, le tout avec un certain savoir faire qui
n’est pas sans rappeler les expérimentations de la scène suédoise, Opeth en tête et même l’ancien Edge of sanity le temps de quelques riffs « the XI th hour ».
En effet, Distress se réapproprie la mélancolie du doom si chère à des groupes comme les Anathema/Paradise des débuts et la mélange à des riffs plus rentre dedans pour un résultat oscillant entre passage death « beyond the cross of guilt » et d’autres nettement plus reposants ou désespérés. Plus d’une fois l’auditeur se fait piéger lorsque l’agressivité des guitares prend le pas sur douceur des mélodies et que le chant rauque ramène la musique du groupe dans la sphère death. Dans sa recherche d’ambiances, le groupe n’hésite pas à associer une guitare acoustique « your turn » par exemple, à des riffs électriques ce qui n’est pas sans rappeler le morningrise d’Opeth. La comparaison ne s’arrête pas là puisque Distress propose un chant varié tour à tour guttural ou clair, souvent plaintif dans ce registre ce qui peut paraître choquant au début mais se révèle adapté aux compos au fil des écoutes. On trouve même lorsque le besoin s’en fait sentir des chœurs virils venus soutenir le reste comme sur l’orientalisant « another babylon ». La prestation du chanteur est plus qu’honorable et à mon sens s’améliore de morceau en morceau pour arriver à un moment de pure émotion dramatique sur le dernier et excellent titre « crawling insanity ». Composant des titres relativement longs le groupe en varie la structure à sa guise en accélérant ou ralentissant le rythme afin d’extérioriser au mieux sa colère et sa mélancolie. A ce titre le morceau « as the summer died » est l’exemple parfait de symbiose réussie entre passages acoustiques émouvants, riffs remplis de désespoir et chant plaintif. Au passage, ce morceau comporte un taping magistral qui est peut être un jeu d’enfant pour l’apprenti yngwie mais qui est au moins aussi chargé en émotion que celui que l’on peut trouver sur le « brave » de katatonia.
A l’image donc de groupes plus reconnus, Distress joue avec les ambiances sombres et les manipule à sa guise, les mettant en valeur soit par une guitare acoustique idéalement placée en intro soit par la juxtaposition d’éléments agressif. Le groupe prouve avec cette album qu’il connaît bien son sujet, on pourrait seulement regretter le manque de puissance de la production mais c’est vraiment histoire de faire la fine bouche, le côté rugueux de celle ci convenant parfaitement au style joué. S’il affirme davantage sa personnalité sur le prochain disque, nul doute que Distress fera parler de lui.



Rédigé par : Dark Tranquilou | 16.5/20 | Nb de lectures : 9579