Ah la Pologne… ses Polonaises, son alcool de patates, ses disques pirates et… ses groupes de brutal death ! Regardés avec quelque peu de condescendance à l’aube des années 90, quand VADER pointait le bout de son char, ils sont rapidement devenus synonymes de brutalité extrême, de rigueur et maintenant d’excellence dans la production. Si DISSENTER n’a jamais vraiment cartonné, il n’en reste pas moins pour ses fans l’assurance de se prendre une bonne grosse rafale de blasts dans les dents…

Sorte de MORBID ANGEL boosté au protoxyde d’azote, c’est le genre de groupe à ne pas relever le pied de l’accélérateur une fois la machine lancée, certainement l’une des raisons pour lesquelles on l’aime ou on le trouve gavant. Cette réédition de son album de 2005, à l’origine vendu avec un exemplaire d’un mag métal polonais, est l’une des sorties les plus pertinentes de Metal Mind depuis longtemps. On pourra bien sûr se dire qu’une fois de plus, le label sort un album à peu de frais, que c’est du recyclage, que le disque a trois ans, bref on peut reprocher à Metal Mind les mêmes choses qu’on lui reproche depuis quelques années maintenant, toujours est-il que grâce à cela, on peut se procurer facilement ce « Furor Arma Ministrat » et qu’une fois encore les Polonais ont fait du bon boulot.

Les amateurs de breaks, mélodies nordiques ou plans deathcore en seront pour leurs frais : DISSENTER fait du DISSENTER, ça taboule sans arrêt (ou presque) dans une ambiance un poil glauque à la IMMOLATION ou MORBID ANGEL post « Covenant », solos mélodiques y compris. Les Polonais sont peut-être même le groupe le plus américain du pays, tant leur nationalité est noyée dans cette atmosphère visqueuse que les Américains savent si bien créer. « Furor Arma Ministrat » est, grâce à cela, plus qu’une énième ode à la brutalité même si, en cherchant la petite bête, on peut relever quelques longueurs. Ce ne sont pas tant les morceaux en eux-mêmes qui provoquent cet éventuel sentiment de lassitude, mais leur accumulation et le fait qu’ils soient construits plus ou moins de la même manière et sans identité forte. Cela ne restera qu’un détail pour qui n’est pas spécialement pointilleux mais pourra bloquer ceux qui recherchent des albums d’exception comme, justement, MORBID, INCANTATION ou IMMOLATION ont pu en faire. En ce qui me concerne, bien que ce ne soit pas l’album du siècle il est exactement le type de disque que je me remettrai avec plaisir, un disque dont l’efficacité palie sans aucun problème le manque de génie qu’on pourrait leur reprocher.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 11064