Non, non, ravalez votre salive et ne croyez pas que Nödtveidt est ressuscité, le DISSECTION dont on parle ici est Lituanien (si, si, vous savez où c’est, la France a joué contre eux aux qualifications pour l’Euro 2008 et pour le mondial 2010). Et non, non, Teitan et Asklund ne se sont pas fait naturaliser Lituaniens pour reformer DISSECTION en douce, ici on parle d’un groupe de pur Death-Metal old-school. Enfin, tout comme les illustres suédois, on parlera plutôt de feu-DISSECTION vu que le groupe dont il est question ici est également défunt aujourd’hui.

Faisons alors un petit peu d’histoire. DISSECTION était un groupe lituanien de Vilnius (si, si, vous savez où c’est, c’est là qu’a eu lieu tout le binz avec Bertrand Cantat) qui a existé entre 1990 et 1993, et qui s’appelait initialement NECROPSY (non, non, pas les Français dont Cobra vante volontiers les mérites). Le groupe a juste eu le temps d’enregistrer deux démos, Suffocating Syndrom (1992) et < i>Pyramid Of Hate (1993), avant d’être repéré par Cenotaph Records (GOREFEST, UTUMNO). Mais cet accord avec le label hollandais n’aura jamais porté ses fruits, DISSECTION préférant s’éteindre, et leurs membres s’éparpilleront dans d’autres projets (CONSCIOUS ROT, GHOSTORM, SHADOWDANCES, OSSUARY). Le label lituanien Ledo Takas a donc décidé de rééditer ces deux démos (remasterisées) en un seul disque, dans le cadre d’une série sur l’histoire du metal lituanien nommée Lithuanian Metal : The Roots. Et ces Dissected Tapes constituent le premier volume.

Au niveau du style, Ledo Takas les présente comme un projet de « Seminal Technical Death Metal ». Après une intro avec des synthés assez bizarre, les 9 titres présentés (pas dans l’ordre chronologique : les 6 titres de Pyramid Of Hate puis les 3 de Suffocating Syndrom) donnent donc dans un Death old-school (plutôt d’école suédoise, mais avec un son moins « rasoir ») assez rocailleux, brut et direct, mais aux guitares plutôt alambiquées. Le quintet de Vilnius maîtrisait son sujet de fort belle manière, pour nous offrir des compositions très techniques (les leads sont excellents et la rythmique est assez entraînante) sans tomber dans l’avantgardisme étrange d’un PHLEBOTOMIZED par exemple. Le tout reste assez classique pour du Death, plutôt groovy (avec une basse bien audible), les solos sont très bons et le jeu de batterie est assez fin dans des morceaux au tempo plutôt rapide. L’originalité de DISSECTION se situe donc dans un niveau technique un peu plus étoffé que chez les autres formations européennes d’époque, ce qui me fait rapprocher nos amis baltes d’un groupe comme SEANCE, qui aurait piqué Ola Lindgren à GRAVE pour tenir le micro (surtout sur les titres de Pyramid Of Hate). Les morceaux ne sont pas complexes et indigestes pour autant, le tout reste assez commun pour du Death début 90’s mais les riffs techniques bien construits font mouche. Les 3 titres de la démo Suffocating Syndrom sont un peu plus lourds et sombres, notamment au niveau de la voix (un peu trop sous-mixée, hélas), mais moins techniques et plus anecdotiques. Le son est très bon, bien old-school comme il faut, mais étant donné que je ne connais pas les enregistrements d’origine (sur cass… pardon, sur Tape) il m’est difficile de savoir si le son de base est bon ou si c’est surtout dû au remastering (fait au Phoenix Studios, là où SKYFORGER et OBTEST ont fait leurs armes, entre autres). J’ajoute que le livret présente une bio très complète du groupe (en lituanien et en anglais) et quelques photos d’époque.

Au final, les 35 minutes de Dissected Tapes sont plutôt sympathiques à écouter, pour un style qui a finalement bien vieilli (ou c’est peut-être parce qu’il est de nouveau en vogue ?). Pour ma part c’est surtout le côté technique assez réussi des morceaux de Pyramid Of Hate qui a retenu mon attention. Mais à part si on souhaite s’intéresser à la scène UG Lituanienne du début des années 90 (pourquoi pas après tout…), l’intérêt de Dissected Tapes reste assez limité. Peut-être qu’une box avec tous les volumes de Lithuanian Metal : The Roots à venir à la manière de Swedish Death Metal aurait eu plus d’impact. Maintenant, si vous êtes mordu de Death old-school et que vous voulez choper tout ce qui est sorti dans ce style, vous pouvez vous pencher sur le cas de DISSECTION les yeux fermés, surtout que le groupe se débrouillait plutôt bien, et qu’il aurait été intéressant de voir le résultat sur un album complet.


Rédigé par : ZeSnake | Réédition/ | Nb de lectures : 13056