wasted: Jusqu’à la fin de l’année 2004 la première chose qui me venait à l’esprit à l’évocation du groupe DISSECTION était le mot: CULTE. Comment définir autrement les géniteurs des deux chefs d’œuvres absolus que sont "The Somberlain" et "Storm Of The Light's Bane"? Beaucoup parlent de précurseurs, personnellement j’irai plus loin en affirmant que DISSECTION avait créé un style à part entière, "LE" style Dissection. Un style qui fut par la suite copié par un nombre incalculable de groupes dont les plus connus sont NAGLFAR et SACRAMENTUM mais aussi VINTERLAND. Un style qui continue d’ailleurs à faire des émules aujourd’hui, l’influence de DISSECTION étant reconnaissable dans beaucoup de productions actuelles. L’emprisonnement de Jon pour huit ans en 1997 sonna le glas de l’hégémonie du groupe sur la scène suédoise et rares sont ceux qui pensaient que le groupe referait surface un jour. Pourtant en 2003 Nuclear Blast sortait le "Live Legacy" annonciateur du grand retour de DISSECTION. Jon donna quelques interviews à cette occasion et j’ai toujours en tête celle qui figurait dans le Metallian N°31 où du fin fond de sa prison il nous présentait ses convictions de sataniste anti-cosmique mais plus important nous parlait d’un nouvel album attendu pour 2004. Il y dévoilait entre autres que parmi les nouveaux titres beaucoup étaient basés sur les compos écrites avant son incarcération et qui auraient dû servir à l’album initialement prévu pour 1998. Dès lors je me suis mis à repenser à ce que disais Peter Palmdahl (le bassiste du groupe de 1989 à 1997) sur ces compos dans la vidéo "Live & Plugged Volume 2", je cite : les nouveaux morceaux seront plus agressifs mais toujours mélodiques. Honnêtement pour moi DISSECTION allait mettre tout le monde d’accord, regagner son trône en nous balançant en pleine gueule un "Storm Of The Light's Bane" à violence démultipliée pour concurrencer la surenchère de brutalité qui règne actuellement au sein de la scène extrême. Au lieu de ça on a eu "Maha Kali" que vous connaissez tous... Quant aux deux titres demo apparus peu de temps après, "Starless Aeon" et "Xeper-I-set", ils n’auront guère relever le niveau, bien au contraire. "Reinkaos" est exactement du même acabit. On se trouve à des années lumières des deux précédents albums, les compos ne décollent jamais et sont toutes basées sur des riffs ultra simplistes. L’atmosphère n’est également plus la même, le coté obscure a été remplacé par une ambiance rock n roll, limite bon enfant. Bref, je ne vais pas m’acharner plus longtemps, le DISSECTION de 2006 n’a plus rien à voir avec ce qui avait fait jadis sa renommée. Passer de "Storm Of The Light's Bane" à "ça" relève tout simplement de l’hérésie. Cependant une personne qui découvrirait DISSECTION avec "Reinkaos" aurait largement de quoi tomber sous son charme. C’est pourquoi j’ai également sollicité mon moi-même anti-cosmique pour vous faire découvrir "Reinkaos" sous un aspect totalement objectif sans aucun regard tourné vers le passé.
Note: 05,5/20


Anti_cosmic wasted: "Reinkaos" se veut donc être l’incarnation musicale du satanisme anti-cosmique. Certaines paroles des morceaux qui le composent sont directement extraites du livre "Liber Azerate" de Frater Nemidial qui, à l’instar de Nödtveidt, est un disciple du M.L.O (Misanthropic Luciferian Order). Avec des textes d’une telle noirceur on pourrait s’attendre à du black/death glacial et sombre, mais DISSECTION prend tout le monde à contre-pied. "Reinkaos" est en effet construit sur une base heavy/thrash qui serait passée à la moulinette suédoise. Bien évidement il n’est aujourd’hui plus question d’avant-gardisme ou autres innovations extraordinaires, "Reinkaos" est un album où c’est l’efficacité qui prime. Et pour y parvenir Nödtveidt a repris ce qui avait fait le succès de morceaux comme "Unhallowed" ou "Frozen". J’entends par là des riffs beaucoup plus directs que complexes et ce que l’on pourrait appeler la touche DISSECTION, des petites mélodies bourrées de feeling sur lesquelles il est impossible de ne pas accrocher. "Reinkaos" en regorge à tel point qu’il en aurait même à revendre et ce dés l’intro "Nexion 218" jusqu’aux dernières notes de "Maha Kali", en passant par le sublime instrumental qui donne son titre à l’album. Le mid-tempo est de rigueur sur l’ensemble de "Reinkaos", le headbanging sauvage également. De mémoire je n’avais plus entendu de riffs aussi jouissif que celui lançant le couplet de "Dark Mother Divine" depuis celui d"Enter Sandman" d’un certain METALLICA. Que dire de tous ces petits breaks acoustiques qui aèrent les morceaux si ce n’est que l’on pense indubitablement au fameux "Where Dead Angels Lie". Tous ces petits leads et solos, ces refrains entêtant, ces rythmiques ultra accrocheuses, "Reinkaos" se laissent savourer du début jusqu’à la fin. Le coté rock n roll de la production contraste lui aussi avec la thématique de l’album mais il sied parfaitement aux compositions. "Reinkaos" est au final un album totalement inattendu, efficace, d’une candeur envoûtante et on ne peut plus appréciable.
Note: 16,5/20


Comme Jon l’avait annoncé, "Reinkaos" marque le début d’une nouvelle ère pour DISSECTION. Une nouvelle époque où les fans des deux premiers albums sont laissés sur le carreau ainsi qu’une évolution musicale déroutante mais qui ne manquera pas d’attirer son lot de curieux. Objectivement cet album recèle de qualités, mais au moment où je rédige cette conclusion j’écoute "Hrimthursum", le nouvel album de NECROPHOBIC, et je me dis que c’est à ça qu’aurait dû ressembler "Reinkaos". Revenir sous un autre nom et laisser le légendaire DISSECTION reposer en paix aurait sans doutes était plus judicieux, mais Jon en a voulu autrement...


Rédigé par : wasted & anti-cosmic wasted | 11/20 | Nb de lectures : 21863