Disowned nous vient de la patrie des voleurs de montres et des touffes de poils qui dépassent de la chemise Versace, j'ai nommé l'Italie. Rholala, si on peut plus déconner... bref. Premier album masterisé par Tom Baker (Deftones, NIN, Sevendust, Taproot...) pour ce groupe qui a débuté sous le nom de Headup en hommage à un certain groupe de Sacramento, et qui les a influencés beaucoup plus que pour un simple patronyme.

Musicalement, c'est pas "Retour vers le futur" mais presque, ça tient la route sans être exceptionnel. Ca joue dans la cour du "néo-métal/métal alternatif" le moins putassier d'il y a dix ans (termes entre guillemets, pour peu que des groupes comme Far ou surtout Deftones période "Around The Fur" méritent ces qualificatifs, qui sont quand même très vilains). C'est pas trop mal, ça passe bien, mais c'est vraiment le degré zéro de l'innovation. Retournez écouter les deux groupes de la ligne du dessus, c'était quand même autre chose.

La voix est bien mise en avant dans le mix. Le timbre clair du chanteur est pas mal, fragile, un peu chevrotant, mais, car il y a un mais, on ressent parfois les influences vocales comme un peu trop présentes. Genre le Laurent Gerra du rock/metal, histoire de faire rigoler les potes en studio:
" - Eh, les gars, devinez qui j'imite? Eh oui, Jonah Matranga de Far! Attendez, regardez, là je suis qui? Voui! Chino Moreno des Deftones! Allez attendez, là, c'est qui ça? Hein, c'est qui? Ouep, Maynard de Tool!
- Allez arrête Elia (car il s'appelle Elia...), t'es con!"
- Attendez une dernière! Alors, alors? Ouais, Daryl Palumbo de Glassjaw"

En gros c'est ça sur tout le disque. Ca passe, mais juste juste, ça peut toujours être marrant pour servir de pièges dans vos blind tests. Ce qui passe moins, par contre, ce sont les plans plus gueulés qui m'évoquent ce que je qualifierai de "cri du colibri". Sérieux. Aucun coffre, aucune puissance, on dirait même que sa voix claire est plus puissante. J'espère que le Père Noël lui a déposé une paire de poumons au pied du sapin. Qu'il s'épargne aussi les deux ou trois intonations à la Fred Durst et ce sera réglé. Les paroles raviront les pleureuses que vous êtes, à base de "My heart bleeds now" et autres clichesques conneries du style.

Quand une qualité se révèle être à double tranchant... "Emotionally involved" mérite son nom, c'est bien l'émotion qui est mise au premier plan ici. Mais j'ai parfois l'impression que tout est mis en oeuvre pour essayer de titiller la fibre lacrymale de l'auditeur (pas à moi hein, je suis un dur, une fois j'ai écouté du death). Comme dans les comédies sentimentales à la con pour demoiselles en fleur qui viennent pourrir les devantures de cinéma. Genre on est italiens, on est des machos, on a des grosses guitares, mais elles ne sont là que pour cacher notre gros... coeur gorgé d'émotion. Mouais. Disque sympa malgré tout, qui paraît sincère malgré ses airs de déjà-entendu. Et qui arrive bien après la bataille. Pas forcément un problème en soi, mais Disowned n'apporte strictement rien de plus qu'à l'époque, et nous donne plus envie de retourner chouiner sur les groupes qui les ont influencés. Copie à étoffer, dommage, car le coeur y est. Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours, surtout en musique...


Rédigé par : Crown_me | 11/20 | Nb de lectures : 9886