C’est toujours pareil, c’est quand on s’y attend le moins que les claques dans la tronche font le plus mal. En plus, quand en lieu et place d’une simple baffe Disillusion vous assène un uppercut tysonien, il y a de quoi faire très mal !Sans crier gare le trio allemand propose avec ses six titres plus magistraux les uns que les autres ce que le death métal progressif peut proposer de mieux. Ajustant avec finesse les nombreux éléments constitutifs de sa musique, Disillusion a trouvé le parfait compromis entre l’agressivité du death et du thrash, des parties progressives que ne renierait pas un Opeth au meilleur de sa forme et les mélodies si chères à la scène suédoises. Objet que se doit de posséder le métalleux adepte de violence contrôlée et intelligente, « Back to times Of splendor » se charge de récapituler de façon imparable et minutieuse les desiderata d’un style et se permet même d’y incorporer de nouveaux éléments, ce qui rendra à coups sûrs la tâche de ceux qui entreprendraient de les imiter que plus ardue.
D’une grande richesse musicale, l’œuvre du groupe emprunte à de nombreux courants musicaux : le death, le heavy, le folk, le prog... et arrive à proposer un tout cohérent, d’une grande diversité qui forme pourtant un album homogène dans le sens ou aucun morceau de moindre qualité ne se détache du reste. L’auditeur est tout simplement captivé de la première à la dernière seconde. Une telle maîtrise instrumentale nécessitait des parties vocales de haut niveau. Nous avons mieux que ça, le chanteur du combo est simplement excellent dans tous les registres. Son chant clair est poignant, le chant death agressif juste comme il faut, et bien entendu le passage d’un type de chant à l’autre se fait avec une facilité déconcertante. Une bonne dose des émotions contenues dans ce disque nous est donc transmise via ce chant, l’autre bien sûr nous vient directement de la musique. Alliant plages atmosphériques, ambiances épiques voire orientales parfois, somptueux passages acoustiques et efficacité directe des guitares surpuissantes, le groupe démontre qu’il ne s’impose aucune limite de style. Disillusion ose aussi bien des riffs inhabituels en ouverture du titre « fall », véritable casse tête rythmique, qu’un solo pink floydien auquel succède des accords acoustiques associés à un piano délicat sur « and the mirror cracked ». Les morceaux oscillent grosso modo entre 5 et 9 minutes, mis à part deux pièces musicales avoisinant chacune le quart d’heure. C’est le cas du titre éponyme, pièce maîtresse de l’album, durant lequel le groupe nous montre l’étendue se son talent. Tout commence par une intro divine au violons, d’autant plus réussie qu’elle succède à un piano divin placé en fin du morceau précédent, transition remarquable entre deux titres tout aussi remarquables. Nous assistons pantois à l’alternance de passage violents et raffinés. Disillusion multiplie sur ce morceau de bravoure les changements de rythmes, il n’hésite pas à proposer à la suite d’un moment de pure violence une plage ambiance, prélude à un intermède acoustique regorgeant de guitares sèches et de piano ; précédant lui même une montée en puissance toute progressive. Que le groupe s’énerve ou se calme il aura toujours l’éternel soucis de trouver la bonne mélodie, celle qui fera la différence entre un bon et un très bon titre. On savait depuis longtemps que lorsque les violons s’acoquinent avec le black métal le résultat est des plus probants, il en est de même lorsque ils se retrouvent incorporés, avec parcimonie, à une telle pièce de musique progressive que constitue cet album.
Pour couronner le tout l’artwork est de toute beauté et le titre on ne peut plus adéquat. Seul le nom du groupe est contre employé, il n’est point question de désillusion ici.
Inutile d’aller plus loin dans l’énumération des qualités de ce disque. A ranger aux côtés d’Opeth et d’Edge of Sanity. Et puisqu’on en parle, je retrouve dans ce disque tous les éléments qui en font à mes yeux, et mes oreilles, le digne successeur d’un disque comme crimson, bien plus en tous cas que le deuxième du nom.



Rédigé par : dark tranquilou | 18/20 | Nb de lectures : 10743