Xtreem music continue son cours de rattrapage en rééditant de sympathiques vestiges undergrounds. Ainsi, après la ressortie de l’énorme « Children of The Scorn » des Finlandais de FUNEBRE l’été dernier, Dave Rotten a choisi de continuer l’éducation des jeunes générations en remontant jusqu’au début des années 90, avec l’exhumation du premier album de DISGRACE. Vous connaissez peut-être ce groupe finlandais au travers de ses dernières releases sorties chez Morbid records. Pourtant vous ignorez sans doute qu’avant de virer au psychédélique puis au rock abrasif, DISGRACE se distinguait dans un tout autre domaine. Sorti initialement en 1992 sur le label français Modern Primitive, « Grey Misery » s’étoffe aujourd’hui de l’ajout en bonus de huit titres supplémentaires, la moitié venant du 7’ep « Debts of Gods »(1991) et le reste de la démo « Inside the Labyrinth of Depression »(1990), soit plus d’une heure de death métal ronflant à souhait. Bon, c’est vrai que les titres de la démo n’ont pas grand intérêt, vu qu’ils sont tous présents sur l’album, mais après tout, c’est l’intention qui compte, pas vrai ?
Alors que la plupart d’entre vous n’était même pas en âge de faire des cabanes dans les arbres, DISGRACE faisait couler de l’encre dans la presse underground. Cette dernière eu tôt fait de cataloguer le groupe comme étant le pendant finlandais de CARCASS. Pourtant, si les points communs avec le grinding death du CARCASS de cette époque sont effectivement flagrants, DISGRACE fait partie de cette vague de groupes tels XYSMA, DEMILISH et FUNEBRE qui s’inscrivaient au rang des précurseurs du doom finlandais tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le chant, trafiqué à grands renforts d’effets, n’est pas sans rappeler celui de Jeff Walker et les compos s’orientent vers une version plus pesante, voire presque doom. Il y a bien entendu quelques petites accélérations un peu chaotiques ici et là, mais c’est sur des tempos résolument lents que DISGRACE exerce le mieux son art, en plantant des ambiances putrides et glauques. Quelques solos fugaces et la présence de voix spectrales viennent agrémenter des compos d’une lourdeur pachydermique.
Pour un enregistrement de cette époque le son est plutôt bon, même si les guitares sous-accordées grésillent sous l’effet d’une distorsion immodérée. Il faut dire pour l’anecdote que la production avait été assurée par un p’tit gars du nom de Timo Tolkki. Le bougre, qui débutait alors, avait bien capté le style malsain de DISGRACE. Bizarrement, « Grey Misery » est un disque qui n’a pas pris une seule ride avec les années et le seul charme désuet du disque réside dans cette production d’un autre temps qui manque un peu de médiums dans le mixage.
Remercions donc Xtreem pour l’excellente initiative de cette réédition qui aura le mérite de mettre à jour un petit trésor du passé jusqu’alors réservé aux anciens de l’underground. Tout simplement excellent…
Pour un MP3 il faudra vous rendre sur le site d’Xtreem music mais ça vaut largement le déplacement.


Rédigé par : Tonton | 16/20 (réédition) | Nb de lectures : 10663