Après s'être aventuré dans divers mais admirables projets, les quatre desperados de DISGORGE reviennent à leur premier amour: le Goregrind maculé de Brutal Blasting Death Metal. Le ventripotent Antimo n'est plus de la partie, ce divorce consommé depuis 2004 a marqué la fin d'une époque où le pus et la bile coulaient à flots, mais un groupe ne se résume pas à son frontman et DISGORGE repart en campagne pour s'octroyer le trône du Grind. Continuité, évolution, talent et renouveau... DISGORGE ou l'excellence.

La première chose qui frappe en découvrant cette nouvelle rondelle, c'est qu'elle constitue le parfait prolongement de "Necrholocaust". DISGORGE continue sur le chemin qu'il avait ouvert en dégobillant une musique qui allie le Goregrind le plus méphitique au Brutal Death le plus morbide et glauque qui soit. De ce point de vue, les fans ne pourront être déçus ou surpris. Sauf que DISGORGE ne se contente pas de réchauffer sa propre popotte et déboule aujourd'hui avec un album gorgé de nouveautés. Oh, bien sûr ces novelletés échapperont à l'ouie du novice mais feront couler quelques liqueurs jaunâtres des tympans du vieux routard du Goregrind. "Gore Blessed To The Worms" dégage une saveur singulière et résolument à part. De nombreuses mosh parts – jusqu'alors rarissimes chez DISGORGE – ainsi qu'une multitude de passages chaotiques affleurent tout au long des 33 minutes du CD. Jamais DISGORGE ne s'était autant laissé aller à de telles débauches de technique. Avant de piailler sur un hypothétique "baissage de froc" de DISGORGE, sachez que ces apôtres du Goregrind n'ont en aucun cas renié leur serment d'allégeance envers le Saint Boyau. Le groupe évolue et insuffle à sa musique un feeling quasi "mystique". L'atmosphère qui dégouline de "Gore Blessed To The Worms" se situe à la croisée des chemins entre "Forensick" / "Corpora Corpora Infest" et la touche plus "evil" des groupes qui ont occupé les mercredis après-midi de ces musiciens. En clair, on retrouve autant la patte lourde et poisseuse du DISGORGE d'antan que la griffe acérée de HACAVITZ, RAVAGER ou DEMONIZER. A croire que cet album condense tout le talent de ces Mexicains qui clapotent dans un étang de tripailles... C'est fantastique.

Si "Gore Blessed To The Worms" était mis en image, on devrait confier ce projet à Deodato. Vicieux, cruel, gras, dérangeant, fascinant, le Goregrind/ Brutal Death de DISGORGE est sans égal. Rares sont les groupes qui réussissent à envelopper le Gore d'un suaire imbibé d'un vrai sentiment de malaise... On pourrait songer à EXHUMED ("Gore Metal") ou INTERNAL SUFFERING ("") et encore... DISGORGE va plus loin.

Dix titres qui vous lacèreront la couenne, cet album en laissera plus d'un sur le cul. DISGORGE était annoncé comme mort, mais ce groupe mythique signe là une œuvre phénoménale qui relègue au rang de bisounours la plupart de ses collègues. Gerboulade + feeling apocalyptique... Admirable!

"Gore Blessed To The Worms" est l'une des plus grosses baffes de 2007, et ce disque renferme les tubes qui vous feront zouker du fessard tout l'été.

Niveaux voix, même si Antimo n'est plus là, on a droit à du gros calibre. C'est le gratteux qui s'y colle et croyez-moi, c'est du gros, du gras, du beau, du bon! Ici, les vocaux sont ultra-gutturaux et on peut se poser la question: "y a-t-il du pitch là-dessous?" L'alternance entre voix Death – voix Goregrind est sans doute classique, mais chez DISGORGE elle revêt une dimension dantesque... comme si ces gargarismes de zombies invoquaient je-ne-sais quelle méchante bébête du panthéon aztèque. Flippant et impressionnant.

Impressionnant, c'est bien le mot qui vient à l'esprit lorsque l'on cause du son de ce disque... Une qualité irréprochable. Un son vrai et organique qui confère à "Gore Blessed To The Worms" une chaleur véritable. Une chaleur moite et marécageuse dans laquelle on s'enlise peu à peu. On est loin des minets manucurés du Grind Hugo Boss. Poisseux et pénétrant, l'album n'offre aucun répit à l'auditeur. On est embrassé, enlacé, étouffé par cet album qui flattera la bestialité des fans de CARCASS ("Symphonies Of Sickness"). Un album impitoyable.

DISGORGE siégeait déjà au sommet de la pyramide Goregrind/ Brutal Death, ce nouvel album enfonce le clou pour de bon.

BUY AND DIE!


Rédigé par : Cobra Commander | 18.5/20 | Nb de lectures : 12352