Alors que je n'avais guère flashé sur leur album précédent, les Californiens de Disgorge (ne pas confondre avec le groupe mexicain du même nom) ont placé la barre particulièrement haut avec ce "consume the forsaken" ultra-brutal et terriblement jouissif. Quelle est la différence entre Disgorge et les autres groupes de brutal death qui défilent par palettes entières devant nos oreilles ? La différence primordiale est la maturité, la technicité et la ferveur dont font preuve ces quatre allumés. Musiciens fabuleux de précision et esthètes dérangés de l'ultra-violence, ils nous prennent à la gorge avec 11 titres qui renferment à eux seuls toute la violence et le malaise de notre pauvre existence. J'en veux pour preuve un "manipulation of faith" ou un "demise of trinity" qui peuvent servir de déclic à n'importe quel serial-killer pas encore conscient de son potentiel. L'immense guitariste Diego Sanchez (non, ce n'est pas un footballeur...) nous offre pour chaque titre une vingtaine de riffs inventifs, précis et parfaitement cohérents entre eux. A cela s'ajoute Ricky Myers (non, ce n'est pas le frère d'Austin Powers...), batteur epileptique et expert en blast-beats dont le talent n'a rien à envier à l'extraterreste Flo Mounier de Cryptopsy. Les vocaux, atrocement gutturaux comme d'habitude mais pas trop trafiqués, se combinent à merveille à une musique dense, extrèmement intense du début à la fin et chargée de breaks, de changements de rythmes soudains et aux structures complexes.

De plus la synergie existant entre le guitariste et Ben Marlin (non, ce n'est pas un enchanteur...) le bassiste permet de donner un style extrèmement pesant heureusement mis en valeur par une production très puissante. J'ai même du baisser les basses de ma chaîne d'un cran car mes pauvres baffles ne semblaient pas apprécier ce traitement de choc.

Etonnament, ce ne sont pas des thèmes trop gore qui sont développés sur ce disque mais plutôt des thèmes religieux, ce qui est quand même assez peu répandu dans ce style. Il va de soi qu'une grosse majorité de la concurrence brutale est carrément anéantie par ce chef d'oeuvre de brutalité et même nos bons Cannibal Corpse ne tiennent plus vraiment la route sur la scène américaine. Ce disque pourrait même passer pour le digne successeur d'un "Tomb of the Mutilated" auquel je n'ai jamais vraiment réussi à trouver d'alternative ou de suite potable. En tout cas, c'est un travail fantastique que Disgorge nous présente ici. J'ose à peine imaginer ce que cette tuerie pourrait donner sur scène. L'air pur de l'est de la France, ça vous dit ?


Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 9906