Il y a cinq ans, DISFEAR prenait tout le monde à contre-pied avec « Misanthropic Generation » : l’arrivée de Tomas Lindberg (AT THE GATES, LOCK UP, THE GREAT DECEIVER, ex-SKITSYSTEM, ex-NIGHTRAGE) quelques années plus tôt laissait espérer un album encore plus radical que « Everyday Slaughter » et on en salivait rien qu’à l’idée de l’entendre se déchirer la gorge sur des brûlots crust sauvages. Pourtant, l’album montrait, à l’instar de leurs compatriotes de GENOCIDE SS, une ouverture vers un crust plus mélodique, plus fin, moins fondamentalement bourrin, plus rock’n’roll en somme. Damnaide ! Il n’y avait plus qu’à espérer que Tomas, toujours en quête de nouvelles expériences, ne se barre pas et que DISFEAR retrouve cette colère viscérale qui l’animait avant…

Et bien non, Tomas Lindberg n’est pas allé voir ailleurs si la coke était plus blanche et DISFEAR semble à présent encore plus remonté ! Certes, le crust des débuts a totalement (ou presque) disparu, mais « Live The Storm » ressemble à une version enragée de « Misanthropic Generation », encore plus mélodique mais également plus énergique, agressive, un crust’n’roll qui sent la sueur et la haine, un cri de rage de militants révoltés et révulsés par les incohérences de notre société moderne. Adhère qui veut et qui le sent au discours, mais il est indéniable que musicalement, DISFEAR n’a jamais été aussi énorme ! TRAGEDY n’a qu’à bien se tenir, les Suédois ont la rage et à l’écoute de « Live The Storm », il semble évident qu’il ne va pas falloir les contrarier trop longtemps !

Parce que cet album est un ouragan impitoyable, un raz de marée destructeur auquel rien ne résistera, un maouach dans la tronche avec des rangos plombées. DISFEAR a laissé de côté le riff pur et dur pour mieux balancer du solo rock’n’roll sur des tempos effrénés et laisser Tomas Lindberg vomir sa rage ; il n’y a pas de second degré, pas de morale à deux balles, pas d’engagement factice sur « Live The Storm », juste un tonitruant « Fuck Shit Up !!! » à l’encontre de tout ce qui ne tourne plus rond dans ce putain de monde et de tous ceux qui en sont responsables (nous quoi).

Le titre de l’album n’est pas non plus anodin, encore moins cette énorme vague qui occupe l’illustration du dos du CD, comme une dernière pensée pour leur pote Miezko (Talarczyk, guitariste/chanteur de NASUM et de GENICIDE SS ? balayé comme des centaines de milliers d’autres par le Tsunami indonésien en 2004), à la mémoire duquel le disque est dédié. Ces évènements tragiques ont-ils eu une influence sur l’écriture de « Live The Storm » ? Dans une certaine mesure, probablement. Toujours est-il qu’ils donnent une dimension encore plus tragique aux paroles de Tomas Lindberg, qui se bat depuis tant d’années contre les incohérences de nos (dys)fonctionnements sociaux. Combat probablement perdu d’avance mais qui semble lui donner ainsi qu’à DISFEAR une énergie incroyable, jamais ressentie aussi crûment que maintenant, même à l’époque du crust basique et brutal.

Il n’y a rien à jeter sur ce disque, aucun temps mort, rien qu’une jouissive et communicative agression qui ne prend fin qu’après un grand final, « Phantom », sorte de « Slowly We Rot » crust’n’roll explosif et interminable, derniers coups de saton dans les dents de ceux qui en auraient encore. Les Suédois s’étaient fait discrets ces dernières années mais ils sont maintenant de retour avec certainement leur meilleur album à ce jour et ils ont plus que jamais la gaule et la rage !!!


Rédigé par : Dungorpat | 18/20 | Nb de lectures : 13487