Nous avions laissé DISBELIEF en pleine tempête il y a deux ans et jusqu’à la sortie de ce huitième album, les informations avaient été distillées au compte-goutte, comme d’habitude avec ces Allemands aussi peu portés sur les faits divers que leur musique l’est sur les ambiances bucoliques. (Très) Souvent loué mais jamais vraiment récompensé, ce groupe est une exception dans le métal en général et « Protected Hell » ne changera pas la donne, pour le meilleur et pour le pire.

Encore plus direct que « Navigator » mais légèrement moins brutal, cet album ne prend aucun risque (et pourquoi en prendre quand on est seul sur le créneau d’ailleurs) mais, après l’avoir digéré, on commence à relever certaines évolutions. D’un strict point de vue musical, « Protected Hell » pourra en effet décevoir ceux qui ne se sont pas encore remis de « Spreading The Rage », tout comme les fans de DOWN attendent toujours un album de la trempe de « N.O.L.A. ». Dans les deux cas, tout se joue à très peu de choses ; quelques ambiances, quelques riffs, ce putain de petit truc indéfinissable… Pour DISBELIEF, ce qui coince ici ce sont des structures plus conventionnelles, plus thrash, des rythmiques plus appuyées et moins de dissonances, une ambiance générale moins cauchemardesque en somme. De ce point de vue, on se rapproche de « 66Sick » qui renouait avec l’approche plus frontale des premiers albums. On ne peut donc plus vraiment parler de néo death ou néo thrash, ou néo quoi que ce soit d’ailleurs ; DISBELIEF pratique un métal singulier empruntant autant à l’extrême pour sa noirceur qu’à des choses plus « abordables » pour sa recherche de mélodies, aussi noires soient elles. Un NEUROSIS plus métal en quelque sorte.

C’est une évidence, LA force principale du groupe, c’est son chanteur. Et c’est lui qui tient le premier rôle encore une fois, un choix certainement délibéré puisque justement, si on observe une certaine accalmie au niveau instrumental, on a l’impression que les textes sont à l’opposé encore plus percutants. Dès le début et les premiers cris de Karsten Jäger (« I Search For A Place… To Hide », on comprend que le voyage sera une nouvelle fois mouvementé et que ce n’est pas encore cette fois qu’il trouvera la paix de l’esprit… heureusement pour nous d’ailleurs… Ses mots sont mieux articulés, plus compréhensibles, complétant intelligemment le canevas tissé par Jochen Trunk et finalement ce sentiment d’écouter un album « facile » s’estompe quelque peu. On se laisse alors embarquer, comme d’habitude, même si malgré tout subsiste une désagréable impression de déjà-vu.

« Protected Hell » ne restera sûrement pas comme un album majeur de la discographie de DISBELIEF, mais il contentera ses fans. La prod manque un peu de puissance et de rondeur et tranche avec celle, aux basses très présentes, de « Navigator ». On s’y fait après quelques écoutes cependant, au contraire de l’immonde pochette qui aurait demandé un peu plus de finition, dommage à une époque où il est tellement difficile de vendre un CD qu’il ne faut absolument rien négliger pour appâter l’acheteur potentiel.Massacre y a pensé en offrant un DVD contenant des interviews et des extraits de quatre concerts (Sundown Festival du 02.05.2008, Fuck the Commerce Festival du 17.05.2007 et Millwooki Fest (Espagne) du 15.11.2008) qui ne montrent pas un DISBELIEF en forme exceptionnelle, mais n’oublions pas que ce DVD est un bonus, et en tant que tel il apporte tout de même une bonne plus-value à l’album.


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 11324