Formé en 1999, DISARMONIA MUNDI est pour moi un des groupes de mélodeath ayant subi une des plus grosses injustices qui soit. Après un premier album très progressif et plutôt original (que je n’ai jamais réussi à apprécier), Nebularium (2002), le trio (à l’époque) italien avait pris un gros risque en engageant Björn Strid de SOILWORK comme chanteur pour Fragments Of D-Generation (2004), Strid qui est depuis devenu une sorte d’« invité permanent », ayant également assuré des chants sur les albums suivants, Mind Tricks (2006) et The Isolation Game (2009). Inévitablement, DISARMONIA MUNDI a alors été taxé de clone de SOILWORK sans âme, de sous-SOILWORK, de groupe sans intérêt pour que Strid se fasse du fric, etc. Pourtant, peu de monde a été tenté d’avouer que DISARMONIA MUNDI, malgré sa filiation évidente avec le mélodeath SOILWORKien, est quand même capable de livrer des albums de qualité…

Après Nebularium réédité en guise de bonus de l’EP The Restless Memoirs, Coroner Records a décidé de rééditer Mind Tricks, le troisième album du groupe initialement sorti chez Scarlet Records. Curieux de zapper le très bon Fragments Of D-Generation, mais ne boudons pas notre plaisir car Mind Tricks est à mon sens le meilleur album de DISARMONIA MUNDI. Certes, le duo italien n’a absolument aucune originalité, mais son mélodeath est tout bonnement excellent. Je n’ai pas spécialement envie de m’étendre dessus, surtout qu’il n’y a pas grand-chose à dire de précis. Mind Tricks est une belle collection de hits mélodeath, du départ parfait avec "Resurrection Code", en passant par le tube "Celestial Furnace", les mélodies réussies de "Nihilistic Overdrive", le très rythmé "Parting Ways", ou encore les excellents et étonnamment agressifs "Liquid Wings" et "Process of Annihilation". Strid assure aux vocaux et se permet même quelques growls, chose qu’on n'a plus entendu de sa part depuis "Follow the Hollow" sur Natural Born Chaos de SOILWORK en 2002. Claudio Ravinale place ses screams un peu partout, ce qui peut être irritant, mais on s’y fait très vite et ça participe un peu au côté direct, efficace et accrocheur de Mind Tricks. L’autre curiosité, c’est le chant clair quelque peu vocodé d’Ettore Rigotti, mais là aussi il s’intègre bien au mélodeath des Turinois et ne dérange absolument plus une fois plongé dans l’album. Bref, alors que SOILWORK avait pris un virage un peu trop « pop » à mon goût depuis Figure Number Five, ce Mind Tricks était tombé à point nommé en faisant du SOILWORK plus véloce et rentre-dedans, avec des compos vraiment inspirées et terribles. Un disque carrément supérieur aux derniers efforts des Suédois, faisant pour moi de Mind Tricks un des meilleurs albums de mélodeath jamais sortis, rien que ça !

Cette réédition, se présentant sous la forme d’un digipack avec un nouvel artwork, contient également 4 bonus plus ou moins dispensables. Ce n’est pas le cas de l’excellent inédit "Ringside Seat to Human Tragedy" avec Christian Älvestam (SOLUTION.45, MISERATION entre autres) au chant (death et clair), mais par contre la version acoustique de "Celestial Furnace" est immonde (on croirait entendre du LINKIN PARK) ainsi que le remix de "Nihilistic Overdrive" qui sonne comme du BLOOD STAIN CHILD. L’inédit de 2002 "Moon of Glass" est quant à lui sympa sans plus, un peu trop electro peut-être. Mais bon, l’intérêt se situe donc plus au niveau des titres originaux de l’album qui sont tout simplement excellents, même 5 ans après et alors que SOILWORK a reconquis pas mal de monde avec The Panic Broadcast et que des groupes comme SCAR SYMMETRY ont eu tout le loisir d’exploser. Taxé à l’époque de sa sortie de « sous-SOILWORK avec le chanteur de SOILWORK » par la presse spécialisée, il est pour moi grand temps qu’une chance soit redonnée à Mind Tricks, un album bien plus convaincant qu’il en a l’air, malheureusement plombé par des préjugés et par les sempiternelles accusations de repompe. Ne vous arrêtez pas au prétendu manque d’originalité pour apprécier ce disque certes influencé, mais de très grande qualité dans son style.


Rédigé par : ZeSnake | Réédition/ | Nb de lectures : 13472