« Râââââââh, nom d’une bistouquette en bois, cela fait du bien ! » Alors d’accord, cette phrase est complètement fantasmée, tout comme le choix de son champ lexical (quoique…) mais on jurerait presque entendre Jesper Strömblad la gueuler tout le long de ce disque. Alors non, cette chronique n’est ni le lieu ni l’endroit pour discuter de la justesse de la ligne éditoriale tenue par In Flames depuis quelques albums (vous avez un forum, cela sert à ça les aminches). Mais difficile de ne pas évoquer Dimension Zero sans suggérer du bout des lèvres que sans les choix artistiques du premier, le second n’existerait pas.

Car oui, depuis dix ans, Dimension Zero fait presque figure de défouloir pour Strömblad qui peut y déverser toutes ses tendances les plus bastos qui n’ont plus droit de cité dans son groupe principal depuis, en gros, ‘Clayman’ en 2000. Et même si ses compères sont loin d’être des abrutis nés de la dernière pluie – on retrouve au chant, l’ex-Marduk Jocke Göthberg, à la batterie Hans Nilsson de Luciferion/Liers In Wait et à la gratte Daniel Antonsson de Pathos et Soilwork, excusez du peu ! – Monsieur prend ici toute la place. Or vu qu’il est, avec Eucharist, l’un des principaux auteurs du ‘petit illustré du death mélodique suédois de Götebörg’, difficile donc de lui jeter la pierre lorsqu’on le voit comme ici appliquer cette recette avec autant de zèle. Sauf que personnifié par la batterie étonnamment répétitive de Nilsson, qui semble tapoter le même rythme durant tout l’album, tout cela apparaît un peu trop figé en pilotage automatique, à la limite de l’auto-parodie, comme si Strömblad se contentait d’être heureux de filer à nouveau à 200 à l’heure sur l’autoroute et se foutait du reste. Bizarrement, Göthberg semble à l’unisson et presque en retrait lui aussi, alors que sa voix paraît plus haut perchée et moins personnelle qu’avant. Alors oui, on sent derrière ses arrangements aux petits oignons, ses riffs bateau et pourtant efficaces et ses (trop rares) solos que ‘He Who Shall Not Bleed’ n’a pas été accouché par des nains. Mais son incapacité à imprimer dans notre petite cervelle fatiguée quoi que ce soit de vraiment mémorable combinée à une sortie européenne tardive, plus d’un an après le Japon, fait à nouveau régresser Dimension Zero au stade de ‘gentil à côté’ qu’il avait pourtant dépassé avec ‘Silent Night Fever’ en 2001. Si cela fait plaisir à Monsieur Strömblad et à sa bistouquette…


Rédigé par : Olivier ‘Zoltar’ Badin | 12/20 | Nb de lectures : 10992