On a beau se féliciter de l’essor sans précédent de la scène française tant sur le plan de la créativité que sur celui du professionnalisme, il arrive encore que nous –les chroniqueurs de VS- soyons bluffés, impressionnés par un nouvel arrivant, jusqu’alors totalement inconnu.
C’est un peu ce qui s’est produit voilà quelques semaines alors que je découvrais pour la première fois les jeunots de DILUVIAN, formation franc-comtoise de Besançon, au détour d’une page myspace.

A peine un an d’existence pour le groupe et déjà un mini album à leur actif. En temps normal, j’aurais sans doute dénoncé cette impatience bouillonnante qui force immanquablement les jeunes formations à immortaliser un enregistrement qu’ils ont tôt fait de regretter. La spontanéité étant souvent source de désillusion, c’est en toute logique que DILUVIAN aurait pu de vautrer comme tant de ces petits camarades. Hé ben non, tout faux pour le coup tout simplement parce que « Inhumanity Remains » est aussi monstrueusement mature qu’efficace.

De ce fait on ne s’étonnera pas qu’un groupe plutôt confidentiel sur le plan national se soit rapidement trouvé un label à l’autre bout du monde, le fameux Deepsend records, giron ricain des DAWN OF DEMISE, THE LEGION et une flopée de groupes tout aussi poétiques. Et je dois dire que DILUVIAN colle parfaitement dans l’esprit du label plutôt axé sur du brutal death sévèrement rembourré de la braguette.

Sur ce premier mini, DILUVIAN pose les premières pierres d’un édifice dédié à un death metal résolument moderne qui incorpore certaines tendances issues de l’ancien comme du nouveau continent. Au prime abord, on est saisi par un gros son et une accroche directement inspirés par la scène death US. Le groupe alterne des mid-tempos balancés à coup de marteaux pilons, entrecoupés de blasts soutenus dans l’exacte lignée d'un bon vieux MONSTROSITY auquel j’ajouterais une louchées de CANNIBAL CORPSE pour le côté radical de certains passages. Et puis en découvrant les titres en profondeurs, on découvre l’autre face de DILUVIAN, tout en finesse, dictée par l’influence de la scène suédoise et de ses mélodies si caractéristiques de la scène de Göteborg. La mise en place est impeccable, les compos particulièrement homogènes et suffisamment variées pour maintenir l’intérêt de l’auditeur sans chercher à le paumer dans les dédales d’un death capilo-tracté (ou tiré par les cheveux si vous préférez). Au passage, il est même déconcertant de constater qu’à aucun moment l’aspect mélodique ne prend réellement le pas sur le côté purement agressif du style DILUVIAN.
On ajoute à ça des growls abyssaux particulièrement testiculaires, quelques plans deathcore, une grosse performance du batteur, quelques nappes de synthés pour apporter un surplus de grandiloquence et on obtient donc un death metal plutôt moderne même s’il tire une bonne part de son inspiration de courants déjà anciens.

Alors, oui, DILUVIAN a peut-être brûlé les étapes en enregistrant « Inhumanity Remains » après quelques mois de travail mais le résultat se hisse au-delà de tout pronostic. Alors de deux choses l’une, soit ils ont bouffé de la répet pendant des heures, des semaines et des mois jusqu’à ce que les ampoules de leurs paluches aient elles-mêmes des ampoules, soit ils sont particulièrement doués et dans ce cas bien précis, il faut absolument que cela continue et qu’ils se remettent au boulot pour un album complet qu’on attendra donc avec impatience.

Pour un coup d’essai, les p’tits gars de Besac ont fait très fort et pourraient damer le pion à quelques ténors de l’hexagone. A quand la suite ?


Rédigé par : Tonton | 7,5/10 | Nb de lectures : 12324