« Les morts reviennent à nouveau avec le vent »… Il n’en fallait pas plus pour décrire ce qu’on pouvait attendre de ce projet de Black atmo germanique. Un intitulé haut en couleur pour le one-man band DIE TOTEN KEHREN WIEDER MIT DEM WIND. Projet pourtant totalement inconnu au bataillon, qui sort ici son 5ème album, 3 ans après Blut qui clôturait une période faste (4 albums dépassant les 50 minutes en 4 ans).

On ne s’y trompera donc pas, DIE TOTEN KEHR… DTKWMDW (plus facile à écrire et à retenir (ou pas)) pratique donc un Black atmosphérique mi-ambiant mi-dépréssif, assez proche de ce que certains combos allemands ont pu proposer par le passé (comme NAGELFAR ou THE RUINS OF BEVERAST dans une moindre mesure), mais d’autres horizons musicaux sont également présents. Après une intro faite de chants traditionnels évoquant pas mal le début du cultissime Battlefields de HATE FOREST, Ich Träume Von Finsternis commence pourtant très mal avec l’insipide "Morar : Ich Träume von Finsternis" et sa BAR en carton. Mais DTKWMDW dévoile très vite la composition de son art : chant dépressif arraché et guitares mélodiques très cristallines, proches des groupes de Post/Casquette-Black-Metal à la WOLVES IN THE THRONE ROOM et consorts, le tout étant un peu égayé par des nappes de clavier ma foi assez bien intégrées (mais sonnant un peu bontempi sur les bords, gloups). Et hormis l’influence BURZUM clairement assumée, on ressentira aussi une forte consonance ABIGOR période Nachthymnen/Orkblut, flagrante sur les ambiances très médiévales de "Ritual : Mittsommerende".

Mais alors qu’on s’attendait à avoir affaire à un groupe de Black atmo lambda, ni bon ni mauvais et très « classique » que ça soit dans le fond ou la forme (prod lo-fi typique, riffs simplistes et tranchants, ambiance bien pesante, chant d’écorché vif), DTKWMDW se dévoile au fur et à mesure des morceaux. L’intro mystique de "Illum Opportet Crescere, Me Autem Minui" fait son petit effet, ainsi que l’ensemble du morceau sonnant très Doom. Mais ce sont surtout "Herbst II : Wehmut" et "Herbst III : Novemberkathedralen" qui surprennent. Le premier pour ses chants religieux inattendus et pour son ambiance funéraire très prenante, portée par les riffs hypnotiques et la batterie lancinante, par les claviers étranges et par le chant au bord de la rupture ; le second pour son atmosphère religieuse incantatoire, quasi-rituelle, particulièrement hallucinée (les accès de chant de gargouille sont bizarres mais fonctionnent pas mal), pour un morceau ambiant sorti de nulle part plutôt bluffant. Ich Träume Von Finsternis se clôt par une piste de 10 minutes, "Chthonos", portée par les guitares lead décharnées et par les claviers encore une fois très lugubres, nous donnant une plage à l’atmosphère épique très bienvenue et plutôt salvatrice (notamment le final).

Grâce à une deuxième partie de l’album plutôt originale dans le traitement des ambiances, DTKWMDW s’en sort avec les honneurs. Dommage que le côté purement Black n’ait franchement pas grand intérêt, le projet de Bradhenr s’inscrivant dans une tendance identique à celle des 49246 suiveurs de BURZUM période Hvis Lyset Tar Oss/Filosofem. Mais Varg ferait bien de s’inspirer du côté plus atmosphérique assez travaillé de Ich Träume Von Finsternis, surtout quand les ambiances médiévales sont de la partie (allez quoi, j’avoue trouver Hliðskjálf plutôt intéressant). Il y a du surprenant et du dispensable dans ce disque, qui est plus à prendre comme une curiosité de la scène Black atmo germanique qu’autre chose. Intriguant dans certains passages ambiants assez bien foutus, mais l’apparat Black ne m’a pas donné envie de découvrir le reste de la disco. Mais si le cœur vous en dit, l’album est présenté sous la forme d’un digibook (que je ne puis vous décrire, ayant juste reçu la rondelle avec une fiche promo, argh). A tester pour les amateurs de Black cristallin bien lo-fi et ceux qui n’ont pas peur de l’ambiant qui sort allègrement des clous.


Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 12213