La France semble avoir quelques difficultés avec ce groupe allemand. Est ce la faute de son patronyme à rallonge et difficile à prononcer pour le germanophobe récurrent qui sommeille au profond de 90% des français ("Bonjour Monsieur, je cherche l'album de Di Chlapochliten Raater") ? Est-ce la faute d'une distribution hasardeuse qui a empêché ses premiers albums de figurer en bonne place dans les bacs français au bon moment ? Ou alors est-ce la faute d'une orientation musicale peut-être trop variée pour intéresser l'amateur borné et assisté ? Je n'en sais fichtrement rien mais, dans mon cas personnel, j'ai été foudroyé par une attaque de Reitermania lors de l'écoute du précédent chef d'oeuvre "All you need is love". Ce quatrième album arrive à point nommé pour rattraper le retard car sa sortie coincide avec le début des hostilités du No Mercy 2003 où, sauf imprévu, les DAR participeront avec la bonne humeur qui les caractérise. Et c'est bien l'expression "bonne humeur" qui convient le mieux à ces teutons. Leur mélange de black, de death, de heavy et de musique médiévale fait mouche une fois de plus et cet album s'avère être bourré de surprises à chaque morceau. Ce qui frappe avant tout sur un album de DAR, c'est la qualité de la production. Le mixage de la batterie vous assène un coup sur la tête à chaque intervention du préposé aux fûts, les guitares sont tout bonnement énooooooormes, lourdes et maniées avec une aisance royale et un sens du riff déconcertant. Du côté des morceaux, on trouve comme d'habitude un panel de genres assez large, les DAR n'aimant pas se cantonner dans une catégorie bien précise pour laisser libre court à leur inspiration. Je pense tout d'abord à l'orgasmique morceau mexicain "Baila Conmigo" qui, à renfort de trompettes, de guitares traditionnelles ne vous sortira de votre révérie que grâce à son gros refrain immédiatement addictif. Un autre morceau atypique est "We will never die", véritable pièce de heavy/thrash lourd et entraînant qui intègre quelques excellents solos, un refrain lyrique à souhait et une énergie démente qui en fera certainement un monument en concert. "Ride on" est dans la même veine avec un esprit rock hallucinant et un orgue Hammond dégénéré à souhait qui apporte une ligne mélodique unique et inventive. Les influences médiévales se ressentent surtout sur "Du kleiner Wicht", "Sehnsucht" et "Seid Wilkommen" qui donnent la sensation de trouver un In Extremo ou un Subway to Sally tombés dans une grosse bassine de death. Place belle est également faite à quelques morceaux plus intimistes comme "Master of the wind" (un bonustrack adapté d'un titre de Manowar, je ne sais pas s'il figurera sur la version du commerce hors digipack), le Rammsteinien "Das Paradies" et quelques passages plus calmes des autres morceaux. Les fans de gros bourrin ne sont pas oubliés non plus car ce disque réserve quelques moments de brutalité extrème comme l'écrasant final de "Wo die Geister ganz still sterben" sur lequel je défie n'importe quel headbanger normalement dôté de deux oreilles de ne pas secouer sa boite à idées noires. Le disque commence également très fort avec un écrasant "Vier Reiter stehen bereit" dont la rythmique effrenée fait penser aux derniers efforts de No Return. On note également une touche arabisante succulente sur le recherché et bien nommé "Fatima". La grosse différence entre DAR et les autres groupes qui officient dans le genre brutal est bien les qualités de compositeurs dont ces quatre allumés font preuve. Rarement un groupe aura eu autant de facilité pour mélanger brutalité, mélodies traditionnelles, sérieux et délire. La puissance dégagée par cette formation est difficilement comparable et ils ne fait nul doute qu'ils ont vraiment découvert leur propre style à force de travail et d'acharnement. Vouloir les cataloguer dans un style bien précis serait une offense à leur talent. Les allemands l'ont bien compris en désignant simplement leur catégorie comme du "Reiter Metal". Ma note finale comportera juste un petit bémol car je trouve ce disque un peu moins efficace sur la durée que "All you need is love". Ne me demandez pas pourquoi mais j'ai la vague impression qu'ils se sont (légèrement) radoucis pour laisser une place plus grande à une musique peut-être un peu plus accessible. Je pense notamment aux vocaux qui sont quand même moins gutturaux. Cela n'enlève rien aux qualités évidentes de cette galette que même les plus réfractaires aux paroles en allemand se devront d'essayer à tout prix. On tient ici un album aux allures de kaléidoscope de l'extrème qui n'est pas prêt de lasser l'acheteur. L'énergie et la motivation des DAR prendra sûrement toute son ampleur sur une scène et il y a fort à penser que vous me verrez dans les premiers rangs le 17 avril à Strasbourg. Ca va saigner !


Rédigé par : Loufi | 16,5/20 | Nb de lectures : 8626