Voici un groupe qui nous arrive de Chypre, un groupe ou plus exactement une one-man band derrière lequel se cache un homme que l'on retrouve dans quelques autres obscurs groupes originaires de Chypre et n'ayant pas encore dépassé le stade de la démo. Il faut bien admettre que la scène chypriote n'est pas très active, Metal-Archives n'y recense que 31 groupes, ce qui n'est pas si mal pour une île qui ne compte que 1,3 million d'habitants. Si on ne garde de ces groupes que ceux qui ont sorti un album, on arrive alors à un nombre de groupes que deux mains suffiraient alors largement à compter. Chaque sortie d'album doit donc être un album pour cette petite scène qui semble plus orientée vers le power metal et le thrash metal que vers les styles extrêmes.

DICTATOR ne donne cependant pas dans le power ni dans le thrash. L'homme qui est derrière ce projet décrit le style qu'il pratique comme étant du "Suicidal Black Funereal Doom Metal". Originellement, en 2005, lorsque ce projet est né, il pratiquait une musique plus expérimentale, tournée vers le noise et le dark ambiant. En quatre ans, le style du projet a évolué et d'autres éléments sont venus se greffer à la trame d'origine, des éléments venus du funeral doom mais aussi du black metal, pour un résultat plutôt intéressant.

Ce premier album est très dense et très intense. Il ne compte que quatre morceaux mais il dure plus de 75 minutes. Il faut donc aimer les morceaux longs voire très longs pour avoir une quelconque chance d'apprécier cet album. Il faudra aussi aimer le chant caverneux car c'est principalement ce que l'on trouve ici, des vocaux principalement death mais qui lorgnent parfois également vers le black mais qui ont constamment l'air de surgir du fin fond d'une grotte notamment grâce (à cause ?) d'un écho quasi permanent. Cela n'a rien de désagréable, cela ne m'a personnellement pas du tout gêné mais certains pouvant vraiment être réfractaires à ce type de chant, autant qu'ils soient prévenus. En plus de ces vocaux typiquement metal, on trouve également sur cet album un chant genre chant grégorien, notamment sur le titre "Sanctus". Ce chant est également plutôt convaincant.

Musicalement les morceaux sont bien sûr très longs mais les tempos restent cependant cantonné dans un registre pachydermique sur toute la durée de cet album. On ne s'ennuie cependant pas tout au long de l'heure et quart que dure cet album. Les riffs sont bien souvent lancinants et répétitifs parfois limites hypnotiques, laissant les titres progresser très lentement pour atteindre leur apogée après de très longues minutes. Cependant des éléments viennent apporter de la variété et surtout des bouffées d'oxygène à ce monolithe oppressant et très opaque. Il y a tout d'abord le piano, très présent qui prend parfois le relais des guitares et apporte une facette mélancolique paradoxalement presque joyeuse au milieu de l'inéluctable fatalité qui se dégage de ce "Dysangelist". Outre le piano, il y a des parties dark ambient, héritages des prémices du groupe, lorsque celui-ci était encore un projet orienté uniquement vers la noise et l'ambient.

Au final donc, ce premier album se révèle être une belle réussite. On ne s'ennuie pas une seconde à l'écoute de cette galette qui demeure cependant très intense et sans la moindre concession. Un projet à suivre de près, que je ne peux que conseiller aux amateurs de funeral doom, voire de suicidal black metal.


Rédigé par : Sheb | 16/20 | Nb de lectures : 10578