Les fiches promotionnelles sont quand même une belle invention. En plus de permettre aux sagaces journalistes d’avoir une première vue d’ensemble sur qui ils ont affaire, il offre surtout aux plus branleurs et aux moins cultivés d’entre eux tous les éléments nécessaires pour torcher une mini-chronique sans avoir besoin de se faire chier à écouter la dite galette. Et ça, les viles (bouh !) maison de disques l’ont bien compris… Bon, une fois ce coup de fouet asséné (appelez-moi Zoltar le redresseur des torts), il faut hélas avouer qu’on y décèle parfois quelques vérités pas si stupides que ça, comme dans le cas de DIABOLICAL dont les fiches accompagnant leurs deux premiers albums – sortis respectivement en 2001 (‘Synergy’) et 2002 (‘A Thousand Deaths’) sur Scarlet records – portaient en long et en large l’appellation « pour fans d’AT THE GATES ». Or le pire était que ce raccourci était des plus justifiés, tant ces deux opus étaient plus redevables à ‘With Fear I Kissed the Burning Darkness’ ou autres premières œuvres de Mister Tompa & co.

Mais voilà, rien ne vaut un bon coup de pied dans le cul et une petite traversée du désert pour se remettre en cause. Remercié par son label, quelque peu désaffecté par certains membres qui ont préféré dédier leurs énergies à des projets plus porteurs (IN BATTLE, DEVIAN, SETHERIAL), le groupe a mis six longues années pour sortir son troisième album, dont deux à renégocier un contrat discographique après que le label initialement prévu pour sortir ‘The Gallery of Bleeding Art’ se soit débiné au dernier moment. Mais tous ces efforts valaient le coup car aujourd’hui, on peine à reconnaître DIABOLICAL parce que ces petits Suédois sont passés du stade de petit soldat aux pieds d’argile à gros Panzer sur le devenir.

Pas de panique, le groupe n’a pas totalement changé sa cuti et son passeport scandinave se voit toujours aussi facilement que le hachoir rouillé qui dépasse invariablement de la poche arrière de Cobra Commander. Sauf que depuis ‘A Thousand Deaths’, leur guitariste et leader, Sverker ‘Vidar’ Widgren, s’est fait un nom en tant qu’ingénieur du son aux désormais renommés Necromorbus Studios dans la banlieue de Stockholm. Aux côtés de Tore Stjerna, il est devenu le parrain officieux de la scène BM ‘orthodoxe’. Et visiblement, le petit Widgren en a profité pour non seulement prendre quelques leçons en matière de mélodies tortueuses mais aussi pour comprendre qu’il est possible d’allier ambition et accessibilité si on se donne du mal. Donc là où ses prédécesseurs ne tiraient leurs pouvoirs de super-héros pas si super que cela que d’une seule source, qui plus est bien galvaudée, ‘The Gallery of Bleeding Art’ est nettement plus versatile. Donc oui, le black y a désormais une place plus prépondérante mais tout comme une pincée d’ARCH ENEMY (le bon, celui des débuts, mélodique sans tomber dans la mièvrerie), une sorte de thrash progressif assez sombre à la NEVERMORE et même le metal symphonique, sous la forme d’un discret mais sciemment utilisé quatuor à cordes (affectueusement surnommé le ‘Necro Quartet’) dont les interventions sont aussi brèves que perverses. Même si leur chanteur passe-partout reste leur talon d’Achille (bouh) et que le titre final de dix minutes ne justifie pas vraiment son existence, l’ensemble frappe malgré tout par son côté accessible et sa cohérence tout en sonnant au final très familier, tout en réussissant l’exploit de ne vraiment ressembler à rien d’autre. Reste plus qu’à faire attention à ne pas confondre DIABOLICAL à DEMONICAL (notez la subtile différence de patronyme), le groupe des ex-CENTINEX que Sverker a rejoint l‘année dernière, mais au chant cette fois, et qui vient aussi d’ailleurs aussi de sortir, mais dans un style plus conventionnel, une petite bombe, histoire d’ajouter à la confusion. Mais je digresse… Pour en revenir à DIABOLICAL et surtout à ‘The Gallery of Bleeding Art’, sachez donc messieurs les fans de Swedish metal-de-la-mort que vous tenez là enfin quelque chose de neuf et surtout d’ambitieux à vous mettre sous la dent !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 10941