.::Ju::.
Monsieur le Dévoreur,

Me permettez-vous, dans ma gratitude pour les brutales déflagrations sonores que vous avez produites, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus basique, de la plus ineffaçable des critiques ?

Vous sortez votre troisième opus, vous êtes la figure de proue du TXDM, vous êtes les géniteurs des intemporels et géniaux ‘Molesting The Decapitated’ et ‘Butcher The Weak’. Vous êtes le Brutal Guttural ‘Slamming’ Death, dans toute sa grandeur et son efficacité. Vous apparaissez rayonnant dans l’exécution de votre style, et vous vous préparez à envahir de décibels nos contrés, bientôt, je l’espère.

Mais quelle tache de boue sur votre nom que ce ‘Unleash The Carnivore’ ! Non pas qu’il soit mauvais ou faible. Loin de là ! Mais votre règne s’effrite, et vous ne parvenez pas à lui redonner de sa superbe. Puisque vous avez osé, j'oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car mon devoir est de parler, je ne veux pas être hanté par le spectre de l’hypocrisie.
Et c'est à vous, monsieur le Dévoreur, que je la crierai cette vérité. Oui, je trouve que les couronnes de lauriers, auparavant méritées et incontestables, se fissurent et se fanent. Vous avez cédé à la facilité, en composant un nouvel album très, trop même, classique. Bien entendu, jamais un revirement total de style n’aurait pu être envisageable, vous pour qui la brutalité à l’état pur et les Breaks assortis constituent l’arme parfaite du crime.
Mais est-ce pour autant une raison pour se contenter d’un ersatz de ‘Butcher The Weak’ ? Où sont passées votre hargne et votre rage légendaires ? Quel est ce sentiment mitigé dubitatif qui m’étreint à chaque écoute ?

Que je rassure cependant les plus frileux des lecteurs ; ce 3ème chapitre de vos violentes expulsions sonores teintées de Gore, bien que prévisible, n’en reste pas moins savoureux. Les alliances brutales de groove, de Break bien lourd et de growls gutturaux sont toujours de mises, la brutalité tant appréciée est omniprésente, satisfaite par d’excellents passages ultra-blastés et rehaussée par quelques Gravity Blasts furieux.
Le groove putride de vos légendaires Mosh Parts efficaces est assez jouissif, et mis en valeur par une production puissante, écrasante et crasseuse. Les accélérations soudaines sont toujours aussi décapantes. Les growls sont peut-être en deçà de ceux du regretté Wayne, toutefois Mike continue de plaquer l’auditeur au sol par la seule force de ses hurlements terriblement gutturaux et putrides. Même les enchaînements et variations rythmiques alternant Mosh Part, accélérations et avalanche de blasts sont fluides et appréciables.

Mais ce sentiment de facilité à laquelle vous semblez avoir cédé, ne parvient pas à s’estomper de mon esprit au fil des écoutes. Point de faibles titres, car même dans l’adversité vous restez doués. Mais point de tuerie ultime non plus, ‘Unleash The Carnivore’ s’apparente à un bloc monolithique plaisant mais linéaire. La rage n’est plus aussi expressive, la hargne n’est plus vraiment palpable. Où sont passés les pulsions putrides d’antan ? Peut-être suis-je trop exigeant ; peut-être êtes vous trop blasé ; toutefois je ne peux croire que vous vous contentiez d’une furie relative et feutrée ...

Mais cette diatribe est longue, monsieur le Dévoreur, et il est temps de conclure.

J'accuse le groupe Devourment d’avoir cédé à la facilité, en produisant une simple (mais plaisante) copie de leurs précédents méfaits, en lieu et place d’une tuerie espérée et attendue.
J'accuse le grand Devourment de s’être contenté de trop peu, là où le peu de prise de risque aurait pourtant satisfait la majorité des auditeurs.
J'accuse le hurleur Mike Majewski, chef d’orchestre attitré, d’avoir voulu contenter tous les fans, d’avoir trop voulu satisfaire la plèbe, en oubliant de laisser le naturel et les pulsions s’exprimer.
J'accuse le chroniqueur ..::Ju::.. d’avoir été trop exigeant, d’avoir trop espéré de ce ‘Unleash The Carnivore ‘ ; ses attentes paroxysmiques ont produit un pamphlet peu adéquat, mais néanmoins nécessaire au vu du glorieux passé du groupe.
J'accuse ce même chroniqueur de ne pas avoir su (et pu) se rendre totalement objectif, en faisant fi des déflagrations passées du Dévoreur ; si cet opus avait été un premier méfait, il aurait été encensé, et à juste titre.
J'accuse enfin tous les groupes ‘récents’, tels que ABOMINABLE PUTRIDITY, CEPHALOTRIPSY, PUS VOMIT ou CONDEMNED, d’avoir sorti ces dernières années d’excellents albums puissants, travaillés et dévastateurs, entraînant la bascule de mon référentiel, et me rendant ainsi plus critique et véhément à l’égard du Dévoreur.

En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des vives critiques des amateurs et des défenseurs du groupe, qui auront, je l’espère, à cœur de me répondre de façon argumentée. Et c'est volontairement que je m'expose.
Je n'ai qu'une passion, celle du Brutal Death. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Le cri d’un fan, monsieur le Dévoreur, qui apprécie et respecte votre œuvre, mais qui espère une vive et brutale réaction pour votre prochain méfait.
J'attends.
Veuillez agréer, monsieur le Dévoreur, l'assurance de mon profond respect.
Note:13.5/20

Cobra Commander:
"Molesting The Decapitated": intouchable! "Butcher The Weak": monumental! "Unleash The Carnivore": une douche froide. DEVOURMENT, le groupe qui sert de maître-étalon à des myriades de groupes de séries B revient mais n'est pas vraiment au mieux de sa forme. Un album fadasse qui passera inaperçu dans le flot continu de clones de DEVOURMENT…justement!
Amertume garantie.

Quatre ans après sa résurrection, les patrons du TXDM reviennent nous botter les miches avec de bien gros sabots. "Unleash The Carnivore" n'est ni plus ni moins que l'auto-caricature de DEVOURMENT. Cet album totalement plat ne surprendra le fan que par son côté creux, linéaire et piteusement amorphe. Jadis, la musique de DEVOURMENT était suffocante, on étouffait sous la brutalité écrasante de mosh parts titanesques lacérée d'accélérations dantesques, on était figé, asphyxié par la brutalité pachydermique et l'atmosphère crasseuse de titres tels que "Choking on Bile", "Shroud of Encryption" ou "Babykiller"… Désormais, DEVOURMENT n'étouffe plus rien, il pompe l'air…

Le groove qui était la marque de fabrique de ce pilier du Brutal Death n'existe tout simplement plus. Ce nouvel album passe sans jamais arracher le moindre frisson. D'une linéarité et d'une mollesse absolue, "Unleash The Carnivore" ennuie dès les premières écoutes. La puissance, l'aspect monolithique, l'ambiance poissarde, le feeling bulldozer… bref toute la sève de DEVOURMENT s'est évaporée. Il ne reste plus grand'chose du monstre, juste une masse décharnée, une carcasse fripée et froide. Le grain du son est baveux, les vocaux ont le même grain que sur "Butcher The Weak", certains titres effleurent avec la gloire d'antan mais c'est trop peu pour faire oublier la déception.

Mou, flasque, rébarbatif, chiant: tous ces horribles qualificatifs correspondent à cet album triste comme un chien à trois pattes. Cet album décrépit renferme huit titres tous plus insignifiants les uns que les autres, aucun "tube" juste du réchauffé tartiné jusqu'à l'écœurement… On a bien souvent l'impression d'entendre huit fois la même chose tant l'ensemble de cet album est insipide.

DEVOURMENT a été incapable de réitérer l'exploit de "Molesting The Weak" ou "Butcher The Decapitated", le groupe patauge dans l'ombre de ce qu'il a été et se fait ronger par les groupes qu'il a lui-même accouchés. La découverte de cet album est un véritable chemin de croix, DEVOURMENT s'enlise dans du mid-tempo boueux rarement piqué de blast chenus…

Stop! je crois que je vais m'arrêter là, ma déception est aussi profonde que l'ennui que provoque cet album.

On pourra chercher tous les prétextes possibles, cet album est pénible, rabougri, il présente un DEVOURMENT malade qui sort un album qui ne tient pas deux minutes la comparaison avec ses frères ainés. En espérant des jours meilleurs, je laisserai cet album pourrir en paix… Snif…

Une grosse, une énorme et abominable déception.
Note:Snif.../20


Rédigé par : ..::Ju::.. & Cobra Commander | / | Nb de lectures : 12692