Il avait dit qu'il ferait une pause, fatigué des tournées, du business musical, envie de se consacrer à sa famille et à son fils nouveau-né en particulier... Tous les fans du Canadien se rappellent des dernières interviews données pour la promotion du dernier STRAPPING YOUNG LAD; Devin était au plus bas, ras-le-bol général, mais parvenait néanmoins à donner le change au niveau des tournées, se comportant en diablotin déjanté (cf. vidéo du concert donné au Download) sur scène. Le mal était profond et l'inquiétude grandissante chez les aficionados de plus en plus nombreux du génie.

C'est donc sans crier gare que ce "Ziltoid the omniscient" s'est posé sur notre platine, soulageant les fans transis. Le concept avait tout d'abord filtré, complètement cintré: un alien quadri dimensionnel (Ziltoid the omniscient, lequel ressemble d'ailleurs pas mal à son géniteur) qui carbure au café noir se pointe sur terre pour piller les réserves d'arabica afin de poursuivre son périple dans l'univers. Dans sa quête, il rencontre pas mal de personnages tous aussi fantaisistes les uns que les autres, et finit par prendre conscience de sa condition de marionette. Tout ça n'étant qu'au final le rêve éveillé d'un employé de chez Starbucks coffee. Complètement fou on vous a dit... Notons tout de même que Devin a TOUT composé, joué et enregistré, aidé par une version light du programme "Drumkit from hell" popularisé par la "Catch 33" de MESHUGGAH.

Concentrons-nous sur la musique. On décrivait cet album comme un juste mélange entre le délire PUNKY BREWSTER et STRAPPING YOUNG LAD; nous serons plus larges que ça, ce "Ziltoid the Omniscient" est en fait un bon kaléïdoscope de la carrière du Canadien, comme si ce dernier jetait un regard amusé par dessus son épaule sur sa vaste carrière. En effet, "By your command", démarrant comme un titre de SYL, est doté d'un break superbe qui renvoie directement aux paysages créés par "Terria", tandis que "Ziltoidia Attaxx" aurait pu figurer sur "The new black", le dernier STRAPPING YOUNG LAD. L'ouverture de "Solar winds", magnifique, nous projette une petite dizaine d'années en arrière, à la sortie du chef d'oeuvre intemporel "Ocean Machine", frissons compris. "Hyperdrive", lui, semble sorti de "Accelerated evolution" de par son côté pop et aérien. On notera la transition très abrupte vers "N9" qui semble, lui, tiré de "Physicist" avec son final barré et furieux. On sera cependant moins convaincus par "Planet smasher", titre très lourd et assez monotone, mais sauvé par un refrain incroyable renvoyant à "Physicist".

"Colour your world" se permet même un clin d'oeil à "Wrong side" de STRAPPING YOUNG LAD et au "Voices in the fan" tiré de "Ocean Machine", ce titre de près de dix minutes comportant également un passage de toute beauté se référant à "Synchestra". Il est amusant de constater d'ailleurs que la fin de cet album, complétée par "The greys", est magnifiquement éthérée, comme si Devin voulait nous emmener en voyage dans l'hyper-espace. "Tall latte", dialogue final et donc épilogue de l'histoire (à propos, les non initiés à l'anglais vont passer à côté de quelque chose!), scelle ce gros bébé de 55 minutes assez difficile à appréhender au départ, mais qui se révèle, s'effeuille après plusieurs écoutes attentives, pour devenir finalement tout à fait addictif. Pas le meilleur disque de Devin Townsend pour l'amateur de la première heure, tombé en extase devant des chefs d'oeuvre tels "City" ou "Ocean machine", mais loin, très loin de la masse grouillante des albums qu'il est donné d'écouter chaque mois au fan de metal lambda.

A la lumière des récentes interviews données par le génie Canadien, qui a déclaré vouloir se retirer du circuit conventionnel album-tournée pour un bon bout de temps, on saisira mieux le concept de ce disque, sorte de rétrospective amusée d'une carrière parsemée de pépites et de souvenirs, mise en abîme émouvante et réussie d'un parcours aussi brillant que divin, rageur qu'émouvant, d'un artiste bel et bien hors du commun.


Rédigé par : Thortyr | 17/20 | Nb de lectures : 16266