Devil Sold His Soul. Le diable vendit son âme. Ha ha, allez vous acheter un nom les gars, les soldes arrivent ça tombe bien. Tant qu'on y est, ils auraient pu quand même choisir Philippe Manoeuvre sold his credibility ou Vegastar sold their balls. Mais je m'égare, place à la musique comme diraient Charly et Lulu...

Ceci était la seule chose que j'avais à reprocher au groupe...

...parce que derrière, ça rigole beaucoup moins. Je m'adresse à tous les blasés du post hardcore, qui en ont raz les lunettes de devoir se taper des pelletées de groupes aux qualités censées se révéler à la 200ème écoute (et qui oublient parfois de se révéler) alors qu'ils pourraient retourner se lover dans les gros bras si sécurisants de papa Scott Kelly et maman Steve Von Till (fallait pas tailler la barbe!).

Ce jeune groupe anglais, fondé sur les ruines de Mahumodo, nous balance dans les gencives un opus d'une qualité ex-cep-tion-nelle pour un premier album. Bon Diou, ça fait combien de temps qu'un groupe du genre n'a pas débarqué de nulle part avec une personnalité si marquée? A peine trois ans d'existence, messieurs dames. Au menu, un bon gros post hardcore teinté de screamo et d'emo (pour faire court), avec l'ingrédient mystère qui fait toute la différence. Le talent, la sincérité, la rage? Mettez-moi des trois s'il vous plaît.

Ed, le préposé au chant, se pulvérise la glotte dans un registre screamo ultra écorché et d'une intensité pétrifiante pas piquée des hannetons. A ceci s'ajoute un chant clair cristallin typé emo gnan-gnan qui rebutera peut-être l'auditoire au premier abord. Ne vous braquez pas dessus, je vous en conjure! Ayant moi-même plus que sourcillé à la première écoute, j'ai été rapidement conquis par cette sensibilité à fleur de peau. On comprend qu'il sied parfaitement à la musique et lui donne une autre dimension, un éclair lumineux au sein de l'épaisse nébuleuse des guitares. Grosse mention pour la prestation vocale donc, qui y fait beaucoup dans la personnalité du groupe.

Au chapitre guitaristique justement, comme on peut s'y attendre, la lourdeur est de rigueur, une lourdeur que je qualifierais d'"aérienne", si, si, excellemment mise en valeur par une production au poil pour un effet "je-joue-aux-dominos-avec-des-barres-d'immeubles". On songera parfois aux regrettés Unfold, à Will Haven aussi, pour ces passages syncopés rouleau-compresseur qui feront de ton cou de jeune freluquet l'équivalent de celui de Corpsegrinder en une poignée d'écoutes. De nombreux passages en guitare claire viennent aérer les compositions et servent de préludes à des attaques de guitares dantesques. La présence d'un sampleur dans le groupe apporte un gros supplément d'ambiance,même s'il n'intervient qu'épisodiquement, et même trop peu à mon humble avis.

"A fragile hope" porte au final très bien son nom. On évolue constamment sur la corde raide; et on se ramasse la gueule au sol la plupart du temps. Se dégage de ce disque des volutes de désespoir et de noirceur (Sirens chant, Awaiting the flood merde!), intelligemment contrebalancés épisodiquement par ces passages plus lumineux, plus implorants. Genre les dernières bouffées d'air avant d'avoir le droit d'aller se débattre avec un sac en toile de jute au fond de l'étang du coin. Un sac en toile de jute où l'on aurait balancé les Unfold et les Deftones (oui, il ne reste plus beaucoup de place après ces derniers). Un talent de composition qui saute aux esgourdes, un caractère déja bien trempé, permettent aux gaziers de se placer directement en outsiders du genre. Pour un premier essai, c'est un coup de maître. A suivre de (très) près. Handclaps, boys. Et sur leurs vidéos live ça chie droit, alors je vous ordonne de profiter du report de leur concert à la Boule noire...


Rédigé par : Crown_me | 17/20 | Nb de lectures : 10987