Devilish Impressions est un groupe polonais qui nous vient d'Opole, non loin de la frontière tchèque (et tchac). Créé à l'aube du siècle, le quintet compte en ses rangs deux membres de Luna Ad Noctum et le vocaliste d'Asgaard (qui tient également ici une guitare). Bref, des non-parfaits inconnus qui, après une unique démo en 2002, débarquent sur les platines avec un premier album au nom rigolo. L'opus est sorti chez les Anglais de Conquer Records qui dédient bizarrement leur site aux Polonais. Etrange...

Difficile de conserver son objectivité quand l'intro au Bontempi d'un album rappelle le thème du film popcorn "Gremlins". Après un nécessaire effort de concentration, le black/death technique avec synthé de Devilish Impressions saute à la figure dès le second titre. L'album avoine pendant près de trois quarts d'heure, avec des passages alambiqués de partout. L'ensemble rappelle fortement les ténors de la scène polonaise dans ses sonorités et dans les riffs (Behemoth en tête). Mais une surcouche tout personnelle de complication a été ajoutée par le groupe. Le résultat m'est difficilement digeste: les riffs sont collés les uns aux autres, avec des cassures plus que fréquentes. C'est très démonstratif pour du black/death et les ambiances manquent ardemment. Le batteur privilégie ses breaks, souvent sans suivre les attaques des guitares. Il donne parfois l'impression de ne pas suivre le mouvement sur certains blasts ou de faire n'importe quoi, comme dans la partie centrale de "Visions of Kingdom To Come". Les guitares enchaînent des riffs rythmiquement pas simples mais à l'intérêt mélodique aussi limité qu'un reportage de M6. Seules les parties vocales sont vraiment intéressantes, notamment les quelques chants clairs éparpillés. Ce n'est, hélas, pas suffisant. Bref ce fragile équilibre me rappelle le jeu Junta, où des pièces en bois tout à fait homogènes sont empilées dans un désordre certain et forment une pyramide instable. Si on souffle un peu, "Plurima Mortis Imago" va se casser la figure.

Côté son, le groupe a fait appel à Arek Malczewski au Hendrix Studios (Behemoth, Vesania) mais uniquement pour les voix et le clavier. Guitares et batterie seront enregistrés à l'inconnu Mamut Studio et le tout mixé par Wojtek Kostrzewa, claviériste chez Asgaard et Hermh. L'album est finalement masterisé au Hertz Studio par les frangins Wieslawscy (Abused Majesty, Crionics, Hate, Vesania, etc). Ce montage compliqué ne donne pas un résultat à la hauteur des groupes sus-nommés. La batterie est très synthétique et le mix ne rend pas un hommage flagrant aux guitares. Mais le résultat est satisfaisant, même s'il manque au final d'un poil de puissance (un comble chez les Polacs).

Je ne sais pas si cet album me fait une devilish impression mais en tout cas il ne m'en fait pas spécialement une bonne. On sent indubitablement une patte black/death polonaise, mais elle est furieusement engourdie par un manque d'originalité masqué d'une inutile complication. L'album ne décolle jamais alors que ses riffs s'éparpillent souvent dans tous les sens. Sans être complètement raté, "Plurima Mortis Imago" ressemble à un premier album de jeunes chiens fous qui veulent épater la galerie. Ce sont bien rarement les meilleurs.


Rédigé par : Prince de Lu | 10/20 | Nb de lectures : 12382