De nos jours, il est délicat de se faire connaître de la majorité sans leak et sans venir s'ajouter aux innombrables dont les mp3 "piratés" envahissent les serveurs de la toile. Il y a tellement à écouter que les auditeurs se noieront dans le nombre. Alors, quelle place reste-t-il aux courageux, ceux qui arpentent les concerts UG et sortent dans leur coin leurs autoproductions? Difficile à dire, mais ils savent au moins à quelle vie de misère ils se sont liés et cela les détache de toute pression de "percer" à court terme.

Deviant Messiah fait partie de ces formations DIY, qui sont là avant tout pour balancer leurs décibels à la gueule. Et l'endroit le plus approprié pour les découvrir est effectivement une salle de concerts (si vous en trouvez une enfumée, c'est mieux), voire une festival d'envergure internationale comme le Metal Breizh Fest (private joke). Après une démo que j'ai ratée, un split CD qui ne se laisse lire que sur ma platine CD de salon (plus UG, tu meurs!) et avant l'arrivée d'un prochain split, les Franco-Belges osent l'affront du premier opus, histoire de décalaminer de l'oreille à rebrousse-poil. Premier opus, en réalité non. Considéré par le groupe comme un EP, Defiling Massacre présente de nouveaux titres ainsi que ceux de la démo. Mais comme la démo, je ne l'ai pas, tout ceci a pour moi un goût de fraîcheur Hollywood chewing-gum.

Par son black/death offensif mâtiné de riffs thrash, Deviant Messiah évoque les Nordistes de Nirnaeth. Là où Nirnaeth va développer des ambiances poisseuses très Morbid Angel (celles d'avant la chute de l'Ange), Deviant Messiah préfèrera s'orienter sur des morceaux plus toniques, aux accords bondissant à la figure. Hormis "Mental Disease" qui servira de court interlude au milieu de l'alb.. heu dde l'EP, Defiling Massacre ne laisse que très peu de temps de repos et ne débande quasiment pas d'un bout à l'autre. Alors oui, ce n'est pas la rondelle la plus originale du siècle, mais la seule ambition de Deviant Messiah est d'envoyer du metal fondu dans tous les coins. Et pour ça, le pari est fort bien réussi.

Le son lourd des grattes, la batterie qui claque et la basse qui gronde. La prod est parfaite pour laisser s'exprimer le vocaliste Déhà et ses moult grognements. L'instrumentation n'est pas en reste, avec des parties parfaitement maîtrisées. La mise en place des atmosphères se fait toute seule, comme à la parade (yalou, la partie centrale "à la norvégienne" de "Destroy All and All" me fait toujours bouger le kiki). Et tout ce bazar est buriné maison chez le hurleur de la bande Déhà, la grande classe!

Quand certains labels nous pondent des trucs moisis à l'arrache assez honteux, certains groupes parviennent à parfaitement gérer leur barque tous seuls. Une formation à découvrir absolument, et à voir en concerts dès que possible, là où elle prend encore plus son ampleur.


Rédigé par : Prince de Lu | 16/20 | Nb de lectures : 12736