John Lennon, qui ne disait pas toujours que des conneries, s’est un jour tiré le joint du bec pour lancer: “Le rock français, c’est comme le vin anglais”.
Presque quarante ans plus tard, je ne peux guère lui donner tort, mais armé de ma faconde naturelle, je lui rétorquerais: “Ah ouais? Hé! Sale hippie, et ben le Death anglais, c’est comme la bière américaine!”.
On a de la répartie ou pas.
Alors quand Grindethic, label des monstrueux DEFEATED SANITY sort le premier album de ces perfides Albionais, j’hésite entre excitation et dubitation (si, si, ça existe, cherchez). A force d’écoutes et de boisson, le jugement de la mousse tombe enfin: DETRIMENTUM, c’est pas de la Coors, c’est pas de la Chimay non plus: c’est plutôt la Finkbräu du Lidl.

Que l’esthète du houblon me pardonne, la Finkbräu possède au moins une qualité, et non des moindres: celle de saouler à moindres frais. Le breuvage des trappistes anglais n’en est heureusement pas là, mais s’écoule avec langueur entre deux eaux (le rédacteur étant, on l’aura compris, entre deux vins). D’un côté, la fraîcheur, de l’autre, l’indigestion.

Dans son alambic, DETRIMENTUM verse une grosse dose de Death Brutal, une lampée de Black et un soupçon de Doom. V’la le dépôt!
Au premier abord, la force du Death d’“Embracing this Deformity” s’assombrit d'enivrants riffs suintants, lents et glauques. Une mixture âpre, complexe et presque originale qui a le mérite de se démarquer des grandes enseignes. Les parties brutales sont, hélas, trop souvent convenues pour ne pas dire caricaturales. Les gargouillis d’évier en guise de vocaux ne sont pas les plus adaptés à ce style non plus et les quelques variations qu’on y apporte ne changent rien à cette impression de décalage. Pour parachever le tableau, DETRIMENTUM a des véléités techniques mais sonne par la même occasion brouillon, précipité et approximatif. De l’authentique underground, en somme.
L’aspect le plus intéressant d’“Embracing this Deformity” réside donc dans les nombreux ralentissements de tempo, les atmosphères lourdes et ambiguës que le groupe tente d’instiller et qui rappellent parfois le “Lost Paradise” de leurs compatriotes ou la vieille école du Death en général. De ce point de vue encore, les compositions sont très inégales. Au lieu d’ambiances torturées, DETRIMENTUM inflige parfois des mélodies proches du death suédois (“The Flesh Elemental”). Exit la noirceur, place à la banalité et au gentillet. Le mélange des genres est finalement trop hésitant, peu congruent et surtout peu concluant. N’est pas IMMOLATION qui veut.

Quelques bonnes idées, de la bonne volonté et des capacités suffisent-elles à faire un album? En cette période de bulletins scolaires, l’élève DETRIMENTUM est noté durement. La faute à un “Embracing this Deformity” immature qui aurait sûrement du fermenter plus longtemps. Son Death metal aurait peut-être alors gagné tout le piquant qu’on ne peut actuellement qu’y déceler sans laisser l’amertume de goûter une oeuvre à l’inspiration hésitante.


Rédigé par : La Myxine | 11/20 | Nb de lectures : 10654