J’aime pas DESTRUCTION. J’ai essayé plusieurs fois, suis même allé jusqu’à acheter un CD (« Release From Agony » pour la petite histoire), mais j’aime pas. Toujours trouvé ce groupe surestimé, gavant sur la longueur et pas forcément des plus inspirés. Je pensais que leur retour en 2000 ne durerait que le temps de se vautrer lamentablement et pourtant, huit ans après, ces légendes du thrash sont toujours là et plus en forme visiblement que mes chers SODOM dont les dernières sorties sentent encore le pet foireux. Bref, tout ça pour dire qu’en dépit de ce que je pensais (et pense encore) de DESTRUCTION, il faut bien leur reconnaître une chose, les années semblent n’avoir aucune prise sur eux ! Restait tout de même à savoir ce que ce dixième album studio avait dans le ventre…

Puisque la kro de leur dernière gâterie m’a été confiée, je me suis fais violence et me suis imposé d’intensives séances d’écoutes, espérant qu’un déclic se produirait et qu’au moins je prendrais mon pied. Et ben non. Au bout de deux morceaux, je me fais chier, quelque soit l’ordre de lecture dans lequel je tente le coup. "D.E.V.O.L.U.T.I.O.N." propose un thrash ultra classique, souvent mid-tempo ce qui n’arrange rien, dont les touches de modernité au niveau des rythmiques, les jouissives parties de batterie ou l’orientation parfois plus technique restent sans effet malgré ce retour à quelque chose de plus old-school que sur "Inventor Of Evil". Si « Metal Discharge », bien que ne contenant aucun hymne, pétait le feu en 2003, le nouvel album, lui, ne dégage aucune énergie. Les rythmiques solides et les solos virevoltants devraient inciter au headbanging sauvage comme à la grande époque, mais l’ensemble sent tellement le réchauffé que la flamme ne se rallume pas. La prod de Jacob Hansen (Rob ROCK, ABORTED, VOLBEAT) est le seul point vraiment bandant du disque, puisque le Danois a encore fait un boulot parfait, donnant à chaque instrument une puissance phénoménale sans que cela ressemble à une grosse bidouille logicielle comme c’est trop souvent le cas.

C’est là le paradoxe de "D.E.V.O.L.U.T.I.O.N.", qui contient tous les éléments d’un grand disque de thrash et qui devrait tout démolir mais qui reste bloqué dans la catégorie des « bien exécutés ». Pas de riff marquant, de grosses rythmiques qui s’essoufflent par manque de renouvellement, un chant désespérément linéaire (j’avoue, il y a un peu de mauvaise foi là), d’une certaine manière DESTRUCTION souffre du même problème que TESTAMENT : l’envie et, je n’en doute pas, l’honnêteté sont là, mais il faut plus que cela et une grosse prod pour faire un bon album. Les fans des Allemands devraient tout de même apprécier, en ce qui me concerne ce sera encore sans moi pour cette fois.


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 11388