Ils sont nombreux à se bousculer au portillon tous les jeunes fielleux qui, la nuit, font des rêves mouillés en pensant au trône pas encore tout à fait vacant d’IMMOLATION. Et le fait que les gars de DESTROYING DIVINITY soient de parfaits inconnus, alors que l’objet du délit est quand même leur troisième album, n’arrange rien… Et pourtant ma bonne dame…

Déjà, il faut savoir que ces Tchèques sont représentatifs de cette nouvelle génération de groupes de l’Europe de l’Est : par rapport à leurs aînés, dont ils partagent la même volonté de s’approprier un style qui a priori n’était pas le leur, ils ont rajouté une professionnalisation sans faille. Donc aux chiottes les accusations jadis justifiées de ‘production slovaque’ ou de parties de guitares de ‘plombiers polonais’ : en plus de plonger directement dans le bain et de ne pas baisser la garde pendant les trente-six minutes qui suivent, ‘Dark Future’ renvoie sur le banc de touche n’importe quelle production lambda nord-américaine avec ses sonorités surpuissantes mais pas (trop) synthétiques et son bon sens de la dynamique.

Par contre, autant prévenir d’entrée la patte de la bande à Ross Dolan se voit ici comme le nez au milieu de la figure, notamment dans le discours bassement anti-chrétien qui rappelle aussi celui des oubliés d’ALTAR. Musicalement, on retrouve donc une voix ultra gutturale (plus quelques cris de Nazgul par-ci par-là) ainsi que des solos parfois mélodiques mais toujours morbides. Mais sa marque de fabrique reste surtout ses foutus accents de guitares menaçants qui se détachent comme autant de poignards tendus vers l’extérieur plutôt que les éternels riffs en cascades propres au genre. ‘Dark Future’ avance donc en rangs serrés sans génie mais sans non plus laisser de temps morts s’installer sur le champ de bataille, laissant parfois transpirer quelques pointes à la HYPOCRISY ou les éternels passages lourds à la MORBID ANGEL, procédé poussé à son extrême sur les six minutes du dernier titre du lot, le très bon « Face To Face To Destiny »). À ranger par exemple aux côtés du dernier PURGATORY et nouvelle preuve qu’en 2011 on peut encore (mais pour combien de temps ?) être un bon petit ouvrier du death-metal et satisfaire une clientèle exigeante mais fidèle qui ne demande pas à être dérangée dans ses habitudes vieilles de vingt ans.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 12441