Il y a des fois où la pochette ne donne vraiment, vraiment pas envie de glisser la galette dans un quelconque support pouvant permettre de la lire. Quand j'ai vu ce remake du « fantôme de l'opéra à la sauce blondinette pyromane », je me suis dit que si la musique était aussi niaise que la démarche visuelle, j'allais encore devoir sortir la machine à baffe. Heureusement, j'ai vite remis mes cartouches à leur place, puisque DESTROPHY est un groupe qui, certes, aime la musique léchée, mais pas au détriment de la qualité, ni du bon goût. Niveau originalité par contre… faudra repasser.

DESTROPHY a vu le jour en 2002 à Des Moines en Iowa (comme qui vous savez…). Les boys ont sorti trois E.P et un album avant de nous présenter leur petit dernier en date, « Cry Havoc ».
DESTROPHY est ce genre de combo prêt à bouffer la terre entière sans apéritif ni sans amuse-bouche. DESTROPHY c’est l'amour sans préliminaire, la brandade sans la morue, la charrette sans les bœufs. DESTROPHY veut frapper fort et vite, cela se sent dès les deux premiers morceaux.

En effet, tous les titres sont construits comme des hits, avec tout ce qu'il faut d'arguments pour faire mouche. Armés de leur gros son chaud et satiné, les boys arrivent à créer un solide équilibre entre leurs moments les plus métalliques et leurs aspirations les plus « popisantes ». On ne ressort pas de l'écoute de ce disque avec un sentiment de compromission, DESTROPHY donnant l'impression d'être vraiment lui-même lorsqu'il joue cette musique immédiate et facile d'accès. On ne note d’ailleurs aucune évolution flagrante (musicalement parlant) depuis le dernier album… les fans ne risquent pas d’être dépaysés. La difficulté viendra plutôt d'un aveuglement à trop vouloir bien faire… mais on y reviendra plus bas.
Le groupe est pêchu et précis dans son exécution et la fougue qu'ils mettent à jouer ces neuf chansons montre qu'ils n'ont vraiment pas envie de s'en laisser compter. La production crémeuse, claire et puissante aide beaucoup DESTROPHY à aller vers ce saint Graal du « hit metal » taillé pour les ondes, l'apogée de la quête des émules du metal grand public.

Je ne dis pas cela de manière péjorative, après tout, vouloir faire partager sa musique au plus grand nombre n'est pas condamnable en soi si le groupe est vraiment sincère dans ce qu'il joue.
En ayant envie de tout le temps bien faire, DESTROPHY oublie parfois quelques détails importants comme le fait de prendre son temps et de bien poser les fondations des chansons. Tout doit fonctionner immédiatement et la musique n'a pas vraiment le temps de respirer ni de se poser. A plusieurs reprises cela marche bien (comme sur « Cry Havoc » et « Stil Bleeding ») mais au bout d'un moment, lorsqu’on n’est pas pris de suite par la mélodie d'intro, on laisse tomber le morceau, sachant de toute façon qu'il a présenté la plupart de ses atouts.

Du coup, m'est venu plusieurs fois la réflexion « DU CALME ! PAS SI VITE ! », énervé que j'étais par ce groupe désireux de proposer d'excellents morceaux, quitte à brûler les étapes et à oublier de nombreux ingrédients dans la recette. DESTROPHY a cependant accouché dans ce « Cry Havoc » de plusieurs bonnes chansons qui à n'en pas douter feront un malheur lors de leurs prochains concerts. Un album un peu trop « pensé » qui reste néanmoins agréable à l'écoute sans laisser un souvenir impérissable. A trop courir après les mannequins, on oublie qu’elles ne sont pas les seules filles sur terre. Et toc.


Rédigé par : Pamalach | 11/20 | Nb de lectures : 12516