Déjà l’heure du troisième album pour DESPISED ICON, digne représentant de l’insondable vivier métallique québécois toujours aussi prompt à nous surprendre et à décrocher même les mâchoires les plus blasées.

Si le premier album de DESPISED ICON n’avait pas fait date dans l’histoire du métal extrême, il avait été tout autre pour son successeur, « The Healing Process » qui avait fait couler abondamment encre et salive et retrancher le public en deux clans bien distincts. Si bon nombre trouvait l’album prodigieux voir passionnant, d’autres, plus perplexes, restaient hermétiques au genre allant même jusqu’à trouver cette deuxième galette, imbitable et fort indigeste.

Et, alors que démarre sur les chapeaux de roues « In the Arms of Perdition », premier des dix titres de cet album, on devine immédiatement que la cuvée 2007 de DESPISED ICON distribuera son lot de coups de boule comme celle de 2005. Contre toute attente, nos Québécois mesurent rapidement leur effort, les tempos se ralentissent tout en ménageant de nombreux passages super-soniques rendant le son de la batterie presque synthétique à force de triggs. Le deathcore/Grind de DESPISED ICON se pare d’éléments plus dépouillés, de riffs cycliques mathcore. Le chant se teinte d’accents screamo alors que les grunts porcins plantent parfois leurs griuks dans des passages pas foncièrement agressifs. Les guitares s’écartèlent dans des plans dissonants voir, totalement barrés.

Vous l’aurez compris, il est fort à parier que ce troisième opus suscite encore des divisions car nos Québécois nous reviennent plus hargneux et complexes que jamais. Cela serait-il dû à de nouveaux changements de line-up ? Que nenni, DESPISED ICON nous balance son « Ill of the Modern Man » avec l’exacte formation qui avait enregistré « The Healing Process » même si leur guitariste/producteur Yannick St-Amand est parti depuis vaquer à de nouveaux mixages. Il faut croire que DESPISED ICON continue son processus évolutif à la recherche de sa véritable identité musicale à moins que le groupe n’ait pris parti d’explorer son coin de métal en lui apportant de nouvelles couleurs.

Il va de soi que ce troisième album propose une musique plus aérée, pas exactement plus nuancée mais assurément moins dense que ne l’était son prédécesseur. Pourtant, n’allez surtout pas croire que l’approche de cette nouvelle mouture de DESPISED ICON soit plus facilement accessible car cette galette requiert bon nombre d’écoutes avant que l’oreille, comme l’attention ne soient réellement domptées par la chose. « The Ills of Modern Man » fait partie de ces albums qui faut savoir mettre de côté quelques jours avant de s’y atteler une nouvelle fois de plus belle. Il est d’ailleurs fort à parier que l’article que vous lisez aurait été tout autre si je l’avais rédigé quelques jours et quelques dizaines d’écoutes plus tôt.

Les fans de blasts barbares seront peut-être un peu déçus mais les amateurs de dissonances, post-machin, de plans chaotiques et de mathcore y trouveront sans doute leur compte.


Rédigé par : Tonton | 15,5/20 | Nb de lectures : 11370